ENTOMBED - Dclxvi – to ride, shoot straight and speak the truth !
Style : Melodic Extrem Metal
Support :
MP3
- Année : 2022
Provenance du disque : Reçu du label
13titre(s) - 39minute(s)
Site(s) Internet :
ENTOMBED BANDCAMP ENTOMBED FACEBOOK
Label(s) :
Three Man recordings
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(20/20)
Date de publication : 19/09/2022
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Version remasterisée d'un album essentiel
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Un quart de siècle après sa parution originelle, le quatrième album du combo suédois ENTOMBED est à nouveau disponible en version remasterisée. Avant tout commentaire sur les qualités intrinsèques de cet opus majeur, tentons de reconstituer le contexte. Depuis la fin des années 80, un nouveau sous-genre, épais et lourd, se développe au sein des familles du Metal. Le groupe primordial : DEATH (POSSESSED est aussi accepté). Le sous-genre : le Death Metal. Et voilà que, l’état le plus géronto-prolifique des Etats-Unis d’Amérique - la Floride - se met à chier des groupes de Death Metal à la tonne ! Avant même que n’advienne l’ère d’hyper-fluidité d’internet et des réseaux sociaux, le son Death Metal s’était répandu dans les territoires déjà contaminés par le Metal. C’est ainsi que, de Suède, émergèrent des réappropriations, prenant rapidement de multiples formes de dépassement.
Encore relativement populaire aujourd’hui, le Death Metal mélodique à la DARK TRANQUILLITY ou IN FLAMES constitua une branche particulièrement bourgeonnante. Autre option, un Death Metal directement brutal, assurément crasseux, riche en riffs de guitares bourdonnants (merci la pédale Boss HM2), mais très lisible et réactif dans ses structures et son mixage. DISMEMBER et surtout ENTOMBED incarnèrent cette option.
Le premier album d’ENTOMBED, Left Hand Path (1990, paru chez Earache à l’époque) fit office de révélation critique et commerciale. Cependant, le groupe fut très vite impacté négativement par l’instabilité de sa formation. Ayant éjecté l’incomparable grogneur Lars Goran PETROV (à savourer également sur les enregistrements avec COMECON et ENTOMBED AD), le second album Clandestine (1991) offrait un chant rauque et tourmenté, assuré par le batteur Nicke ANDERSSON (actuel LUCIFER, THE HELLACOPTERS). Le niveau qualitatif ne moufte pas, la capacité d’inspiration évolue au fil des travers dynamiques qui animent les membres du groupe.
Dès le EP six titres Hollowman (1993), en dépit du retour de LG PETROV, il devient flagrant qu’ENTOMBED s’avère déterminé à englober son Death Metal ravageur dans une interprétation qui relève de ce qu’on allait appeler – faute de mieux – le Death’n’Roll. Soit l’épaisseur, la lourdeur, la pesanteur typiques de la famille Death Metal. Mais également un groove, une urgence et un tranchant qui évoquaient immanquablement le Rock révolté et enflammé du MC5 et la flamme du punk le plus urbain. Le sillon fut confirmé par l’excellent troisième album Wolverine Blues (1993), parfait concentré de lourdeur et de brutalité Death Metal, de swing Rock’n’Roll et d’ambiances de Blues dégénéré.
Ce cocktail hautement instable se trouva parfaitement confirmé et institutionnalisé en 1997 par son quatrième album, DCLXVI – To Ride, Shoot Straight and Speak The Truth !. Aussi bien dans les choix de production que dans le mixage, on ne peut que louer cet équilibre paradoxal entre des éléments a priori assez distincts. En premier lieu, il y a tout de même le contingent de brutalité et de lourdeur, parfois de rapidité : les guitares crasseuses et vicieuses (riffs en fil de fer barbelé rouillé, solos incisifs et crépitants à la Tony IOMMI sous uranium), cette batterie toujours en mouvement, ces lignes de basses grondantes et, surtout, l’incroyable chant littéralement halluciné de LG PETROV.
Ensuite, il y a cette volonté de mieux détourer les coups décochés de toute part, avec une approche exposant nettement riffs et impacts rythmiques, même les vocaux se trouvant nettement articulés et audibles. Il faut tout de même se souvenir qu’à l’époque, on entendait littéralement des hordes de combos de Death Metal qui cherchaient avant tout à bâtir un mur du son impénétrable : c’était à qui produirait la rythmique la plus compacte, les vocaux les plus caverneux et inarticulés, le tempo le plus trépidant !
Enfin, l’écriture du groupe révélait plus que jamais une appétence pour le Rock’n’Roll en mode ultra-urgent ; pour ne prendre qu’un exemple, si l’épileptique Wreckage ne sonne pas comme BLUE CHEER, MC5, les STOOGES ou les CRAMPS passés par un réacteur nucléaire, j’abandonne tout et je vais élever des moutons AOR du côté de Chambéry ! Pas convaincus : laissez-vous piétiner par les charges brutales et punkoides Just As Sad et Parasight (ce dernier en mode faux live). A d’autres moments, on sent se glisser dans le paysage des effluves de Blues mutant, comme sur le rampant et malsain Put Me Out (très ALICE COOPER époque Love It The Death… en cent fois plus puissant et franchement malsain), sur le mid-tempo épais They, sur le visqueux Boats (un peu comme si THE GUN CLUB ayant versé du bitume). Et dites-moi si le titre To Ride, Shoot Straight and Speak The Truth ! ne vous évoque pas un Boogie impitoyablement métallisé.
Aujourd’hui, Threeman recordings propose une version remasterisée, qui ne dénature en rien la puissance impérieuse et brute de cet album jouissif, ajoutant peut-être du détail et un poil de profondeur supplémentaires. Mais c’est avant tout pour la qualité des compositions, pour l’interprétation frénétique, quoique totalement maîtrisée, et pour ce son reconnaissable en mille qu’il faut redécouvrir et, tout simplement, découvrir DCLXVI – To Ride, Shoot Straight and Speak The Truth !
Vidéo de To Ride, Shoot Straight and Speak The Truth ! : cliquez ici
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