TORTUGA - Iterations
Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :
MP3
- Année : 2023
Provenance du disque : Reçu du label
7titre(s) - 45minute(s)
Site(s) Internet :
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Label(s) :
Napalm Records
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(19/20)
Date de publication : 30/11/2023
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Ne pas acquérir l'album = le tort tue !
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Formé en 2016 à Poznan, le quartette polonais TORTUGA avait jusqu’à présent placé son développement discographique sous le strict signe de l’indépendance, notamment en autoproduisant ses deux premiers albums (Tortuga en 2017 et Deities en 2020). Aussi, quelle n’est pas notre surprise de constater qu’Iterations paraît sous la bannière prestigieuse du gros label indépendant Napalm records. Précisons-le immédiatement, cette remarque se veut porteuse d’une appréciation positive et non d’un sectarisme, dénonciateur des compromissions de l’underground ! Quel plaisir de pouvoir espérer que ce groupe passionnant va avoir l’opportunité d’exposer sa musique auprès d’un public plus large.
Pour celles et ceux qui n’auraient jamais rencontrer TORTUGA, sachez que le groupe reprend à son compte des univers musicaux multiples et complémentaires : le Heavy Metal originel de BLACK SABBATH, le Doom Metal classique, le Stoner Rock et le Rock psychédélique. Il semblerait que le groupe soit parvenu à un équilibre particulièrement fin et pertinent, au travers des sept compositions. Lesquelles se divisent en trois catégories de formats. Honneur aux petits, on trouve deux pistes concises (2-3 minutes) : l’instrumental superbement planant Interlude et, en conclusion d’album, Epitaph, avec son introduction dépouillée (qui pourrait sans déparer figurer sur un album d’Americana), avant qu’un gros riff n’amène l’orage, le chant laconique distillant une mélancolie palpable (saluons au passage le travail tout en souplesse et en finesse du batteur !).
Viennent ensuite deux morceaux raisonnables (six minutes), dont le mid-tempo Lilith, avec son riff simple mais salement accrocheur, ce chant clair (quelques effets pour la bonne bouche), peu puissant mais convenablement modulé et expressif. Avec son introduction planante, suivie d’une progression rythmique subtile, MALACA s’avère plus audacieux, avec une parfaite complémentarité entre des riffs charbonneux mais clairement dessinés, des plages de guitare limpides, une basse en appui discret mais essentiel, et encore une fois un batteur, certes capable de frappe sèche et puissante, mais préférant tisser un entrelac subtil et relativement complexe. Cela dit, l’étrangeté propre à cette composition hypnotique réside dans le traitement vocal, qui consiste essentiellement en un enchevêtrement de conversations et de portions de chant vocodé.
Enfin, attaquons-nous aux trois bestiaux restants, mesurant au garrot plus de huit minutes pour deux d’entre eux (Init et Quaus), Laspes culminant à 9’37. Beaucoup de groupes se revendiquant du Rock psychédélique et du Stoner ont trop profité de tels formats pour se laisser aller aux plaisirs coupables des jams bruitistes et fumeuses. Or, nos tortues polonaises ne perdent jamais le cap, privilégiant les ambiances tour à tour troubles et massives, mais prenant grand soin de composer une progression dramatique qui paraît a posteriori évidente, alors qu’on a eu l’impression de dériver et d’être bousculer sans raison. Voilà tout l’art du Rock psychédélique dûment maîtrisé : vous faire croire que vous avez perdu pied, alors même que vous étiez guidé avec tact par des compositeurs et des interprètes particulièrement habiles et inspirés. Du grand art ! A fortiori quand le jeu des contrastes s’avère aussi riche que totalement sous contrôle. C’est ainsi que les riffs les plus Doom, les rythmiques les plus Stoner (comprendre rebondies et orageuses) vont côtoyer intelligemment les guitares les plus cristallines ou acides, ainsi que les arrangements de claviers vintage. Même le chant oscille entre un registre clair, assez classique, bien modulé, et des perturbations volontaires (filtres, vocoder), avec un rendu souvent hypnotique.
Qui plus est, Iterations se trouve idéalement mis en son, avec une prise de son vibrante et directe, un mixage équilibré et limpide (alors que les éléments sont parfois nombreux à gérer) et une gestion idéale des dynamiques. Je ne vous survends pas là un album révolutionnaire, mais bel et bien une œuvre authentiquement passionnante, qui permet de s’absenter momentanément de notre monde sinistre. Pour ma part, j’ai d’ores et déjà passé commande de l’album, afin de pouvoir en profiter ad nauseam et d’encourager vaille que vaille un groupe aussi valeureux et méritant. Diantre, que le talent des artistes fait du bien au commun des mortels…
Vidéos d’Epitaph cliquez ici et de Lilith cliquez ici
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