Métal Intégral - Chronique / SORTILEGE

Pesée positive

Les débuts houleux de la reformation de SORTILEGE dans son format initial pouvaient laisser croire que l’affaire était mal engagée. Dûment secondé par le guitariste Olivier SPITZER, le chanteur Christian AUGUSTIN, dit Zouille, a cependant habilement déjoué les pronostics. Loin de se contenter de thésauriser sur son répertoire des années 80 (revu et corrigé via l’album Phoenix cliquez ici), le groupe a prouvé qu’il s’inscrivait dans une démarche d’actualité avec l’excellent Apocalypso (relire ici cliquez ici). En dépit du décès du guitariste soliste Bruno RAMOS – remplacé par Michael ZURITA (FURIOUS ZOO, HANTSON) -, SORTILEGE s’inscrit ostensiblement dans la durée avec ce nouvel album.

Là où le précédent album comportait une splendide pièce maîtresse éponyme, à la fois longue et étonnamment Doom, Le poids de l’âme se concentre exclusivement sur des compositions concises et incisives, comprises entre trois et cinq minutes. Pas de longues pièces épiques donc sur cet opus.
Par contre, une chose ne change pas, c’est la volonté de SORTILEGE de combiner des riffs secs et tranchants (dans la grande tradition de JUDAS PRIEST) et des lignes vocales systématiquement modulées. A l’arrivée, nous avons systématiquement des titres percutants et attractifs. Cependant, un titre comme le superbe Horizons cherche ostensiblement à se doter d’une dimension épique supplémentaire. Le conclusif Le monde de l’oubli, avec ses arrangements de piano, prouve que SORTILEGE rayonne largement au-delà du strict panel propre au Heavy Metal, rejoignant le feeling des ballades Heavy que pratiquaient SCORPIONS dans les années 70. A contrario, on regrette les oh oh trop faciles et archi-rebattus du par ailleurs performant et entêtant Cours d’acier.

Il n’empêche que cet album s’impose de par la force de ses compositions, toujours accrocheuses, extrêmement bien arrangées ; il y a en effet toujours ce détail qui distingue un morceau correct d’un titre qui fait la différence, que ce soit sur le plan vocal ou instrumental. La qualité de l’interprétation vaut autant sur le plan instrumental que vocal. Les riffs se trouvent propulsés par une section rythmique autant mouvante et musculeuse. Michael ZURITA confirme avec brio ce qu’on savait de lui dans d’autres contextes ; à la fois acéré sur le plan technique et soucieux d’injecter de la mélodie dans ses interventions, il valide son ticket d’entrée avec brio.
Quant à Christian Zouille AUGUSTIN, il rayonne et domine les débats de son timbre de gorge médium, souvent agressif et subtilement rauque. Pour autant, il se découvre en mode limpide sur les parties les plus pondérées de Horizons, Le monde de l'oubli et de Origines, tout en finesse et en sensibilité à fleur de peau.

SORTILEGE tient son rôle à la perfection et que l’écoute de ces dix nouvelles compositions s’avère aussi addictive que lors des découvertes de chacune des parutions discographiques du groupe. On se surprend à revenir sur tel ou tel morceau, histoire de bénéficier de tel riff, de telle ligne vocale. On retrouve globalement sur cet album le côté percussif de Métamorphose, agrémenté du potentiel mélodique de Larmes de héros. Le chant de Christian Zouille AUGUSTIN force toujours l’admiration, de par sa puissance et sa capacité à moduler. Parangon de ce que doit être un soliste de Heavy Metal, Michael ZURITA n’étale pas inutilement sa technicité mais se concentre sur des interventions incisives, à la fois brillantes en soi et au service des morceaux. Le tout avec la qualité optimale de production et de mixage qui caractérise les albums de la reformation. A peine assimilé ce nouvel opus, on se prend à envisager le prochain album ! Preuve est faite que la reformation de SORTILEGE ne relève pas uniquement d’une pulsion nostalgique mais bien d’une tension positive entre un patrimoine et une volonté d’actualité. Pour le fan, quel plaisir de conjuguer le passé et le présent…

Vidéo de Medusa cliquez ici et de Cœurs d’acier cliquez ici

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Pumpkin-T	Le lundi 1 décembre 2025
Ville : MARSEILLE	Quand un truc est lourd, à Marseille on dit que ça pèse le poids d'un âne mort. En toute bonne foi, j'ai cru que l'album s'appelait "Le poids de l'âne".