|
Voyage spatial de première classe
|
En 2018, nous avions écrit tout le bien que nous pensions de The Heavens Are Not On Fire, premier album auto-produit des Texans de WILLS DISSOLVE (cliquez ici ). Pour son deuxième opus, le groupe a placé la barre encore plus haut, en ne proposant qu'une seule composition, longue de plus de 31 minutes. Un format qui témoigne d'une ambition à la hausse, mais qui ne peut en aucun cas valider par anticipation la qualité d'un exercice ô combien périlleux. En effet, combien de groupes de Rock ou de Métal progressif se sont sentis obligés de pondre des titres massifs, censés représenter le Graal en la matière. Avec à la clé quelques réussites mais aussi beaucoup de morceaux empilant les séquences, misant sur la complexité structurelle et la dextérité instrumentale, sans fil rouge ni passion...
Tentons tout d'abord de poser le contexte. La pochette du premier album montrait une pluie de météores ravageant une ville (dont une église). Pour ce second album, il est toujours question de la puissance céleste puisqu'on voit (au verso) un vaisseau spatial se diriger vers un trou noir gigantesque (au recto). Pour coller à cette illustration, l'introduction se fait très douce, progressive, planante, hantée par des mélodies douces. Au bout de cinq minutes, des riffs sévères poussés par une rythmique lourde explosent, immédiatement rejoints par des vocaux caverneux mais articulés. Lesquels ne tardent pas à céder la place à un chant clair, dans un registre médium, peu puissant mais suffisamment expressif et appuyé par des harmonies vocales pertinentes. Le voyage spatial vient de débuter et il n'est pas de tout repos.
Cela dit, cette succession de séquences contrastées ne sonne pas comme un empilement démonstratif, le groupe prenant soin de laisser chaque partie se développer et s'installer. L'interprétation au cordeau, notamment sur le plan rythmique, permet en outre de tenir le cap, même si les quatre complices privilégient l'efficacité à l'étalage de leurs compétences techniques, pourtant très réelles. Pour s'en persuader, jetez une oreille aux lignes de basse mobiles et aux solos de guitares, merveilles de maîtrise.
La gestion des contrastes s'avère également équilibrée Les éléments Death Métal demeurant sous contrôle, avec des riffs trapus, des vocaux raisonnablement hostiles et des tempos point trop enlevés. Les apports mélodiques demeurent assez simples : arpèges de guitare, nappes de clavier, harmonies vocales... Pour ce qui est de l'identité progressive, on remercie WILLS DISSOLVE de ne pas sombrer dans un excès de complexité, pas plus que dans les arrangements pompeux (on n'est clairement pas chez DREAM THEATER !). On évolue clairement dans une architecture progressive, au sens strict du terme, chaque séquence évoluant vers la suivante, quand bien même demeurent des contrastes francs, quand des parties ostensiblement Métal interrompent sans transition des plages plus nuancées.
Ayant choisi – et je doute que ce soit un hasard – ce titre pour cet album et cet unique composition, la démarche de WILLS DISSOLVE entrait inévitablement en résonance avec le morceau Echoes, classique de PINK FLOYD sur l'album Meddle (1971). Puisqu'on en est au petit jeu des références, j'ajouterai sans sourciller que cet album peut intéresser les aficionados de OPETH, d'ANATHEMA (pour les parties les plus purement mélodiques), de MASTODON, d'ISIS (comment oublier que le nom du groupe est aussi le titre d'un morceau figurant sur l'album Panopticon de 2004). Autant d'univers divers mais ayant en commun une complexité structurelle et une richesse émotionnelle... Ne vous méprenez pas, l'évocation de ces prédécesseurs talentueux ne vise pas à réduire WILLS DISSOLVE au statut d'élève brillant. En deux albums seulement, le groupe texan fait montre d'une maturité et d'une personnalité tout bonnement stupéfiantes. Gageons que ce n'est qu'un début...
Vidéo de l'album : cliquez ici
|
|
|
|