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Le stoner 70s qui vaut son pesant de cacahuètes !
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Même sans jamais avoir écouté FUZZY GRASS, rien qu’à son nom, je suis certain que vous imaginez déjà dans quel genre musical officie ce quartette du Sud-Ouest. Eh oui, c’est du stoner. Quand en plus vous savez que leur premier skeud de 2018 s’appelle 1971, vous avez compris que c’est un stoner au goût seventies prononcé. Et croyez-moi, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.
Le nouvel album qui déboule le 6 octobre s’intitule The Revenge Of The Blue Nut (la revanche de la noix bleue – qui est plutôt une cacahuète) et là, vous vous dites qu’avec un titre pareil ils ont fumé leur nom et vous n’avez pas faux. Nous avons affaire à un concept-album qui raconte les pérégrinations, états d’âmes et pétages de plomb d’un homme-cacahuète qui se venge de la femme qui l’a largué (peut-être la femme à Rachid) et de la vie en semant la mort. Enfin, je ne sais pas si j’ai bien résumé alors je vous laisse relire les paroles consciencieusement.
Sincérité seventies oblige : The Revenge Of The Blue Nut est un album issu d’une musiculture garantie sans ordinateur, ni MAO, ni captation ou traitement digital. Il s’agit d’un album vieilli en fût analogique dans les chais du Studio de la Trappe à Toulouse et sous l’oreille attentive de Triboulet (pas le bouffon de Louis XII et de François 1er - non, l’autre, le faiseur de son). Attention, vous pourrez cependant trouver dans cet album quelques traces d’arachide, y compris dans sa forme vinylique que produit toujours avec grand soin la maison Kozmik Artifactz.
L’album s’ouvre sur Living In Time, un titre qui porte en lui le menu complet de ce à quoi va ressembler l’album : un démarrage boosté, puis un rock carré un peu plus enjoué et un décrochage dans une superbe jam bluesy, et un final dans lequel Clément nous fait une vrai partie de John BONHAM qui débouche sur une reprise échevelée de l’intro. Du grand art.
La partie de plaisir continue avec I’m Alright dans un registre blues assez lent et calme, plein de feeling - débordant de feeling même ! - et de sincérité. Toutefois, à mi-chemin, FUZZY GRASS mange du lion et muscle considérablement son propos. Visiblement, tout le monde sait ce qu’il a à faire pour bodybuilder la composition – ils sont trop forts !
Tout en conservant sa spontanéité, The Dreamer est un des titres de l’album qui sonne le plus retravaillé avec sa jolie intro en arpèges, puis le groupe lâche les chevaux, retombe sur l’intro, remonte en puissance, revient aux arpèges, décale d’un demi ton par-ci, d'un demi-ton par là pour s’assurer une montée dramatique. Et comme ça pendant six minutes et demi, avec des passages sur lesquels la folie prend les commandes. Je note au passage la ligne de basse magique de Thomas.
Un des éléments clefs de cet album réside dans la construction des morceaux qui sont à l’évidence issus d’improvisations collectives, ce qui ne nous met jamais à l’abri de bonnes surprises. Quand j’écoute Insight, j’ai l’impression que tout a été brodé à partir du terrible pattern de batterie. Ici je craque pour le break à la troisième minute et puis pour l’intervention du vieil orgue quand la guitare est en mode solo durant le final, ce qui peaufine la touche seventies.
Après quoi, l’album passe au régime sur-vitaminé avec son titre le plus court et le plus pêchu. Why You Stop Me? est un morceau qui avance sur un gros riff, avec un nouveau solo de Laura tellement lumineux qu’il te faut des lunettes de soleil pour l’écouter en entier si tu veux pas risquer un cécité de l'oreille interne.
Mince, c’est déjà la fin ! Le titre de clôture, Moonlight Shades, est un blues profondément led-zeppelinien jusqu’à ce que Jimmy HENDRIX vienne taper un bœuf avec le groupe - non mais le son de Laura ! Punaise ! pendant tout l’album elle me scotche et transforme celui-ci en pièce de choix pour tout amoureux de guitare électrique. Le morceau est une pépite qui dure presque 12 minutes durant laquelle chacun balance tout. La ligne de basse parfaite signée Thomas, un Clément plein de ressources qui, derrière ses futs, fait varier la tension au fil de ses envies, et Audric dont la palette d’émotions s’accorde parfaitement aux ambiances, sans compter ses machines bizarres qui égrainent des petites touches psychédéliques ici et là. Un final totalement bluffant !
FUZZY GRASS n’invente pas un genre mais je n’en ai rien à faire parce que de la première à la dernière note, il m’embarque sans aucun faux pas dans un voyage de bluesy hard rock stonerisé de haut vol et joué avec le cœur. Quand j’arrive à destination, je n’ai qu’une idée c’est de remettre une pièce dans le jukebox.
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FUZZY GRASS est composé de : - Laura LUIZ, guitare ; - Thomas HOBECK, basse ; - Clément GAUDRY-SANTIAGO, batterie ; - Audric FAUCHEUX, chant, orgue et machines zarbies.
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Extrait de The Revenge Of The Blue Nut : - I’m Alright : Cliquez ici ! - Insight : Cliquez ici !
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