Merveilleux kaléidoscope des facettes du prog, au service d'un album conceptuel de fantasy
|
Ah le plaisir pur de s’adonner au Rock progressif, dans toutes ses dimensions caractéristiques ! Commençons par présenter ce projet. THE CHRONICLES OF FATHER ROBIN est le fruit collaboratif de membres actifs de la scène Prog norvégienne, ses membres émargeant au sein de formations aussi méritantes que WOBBLER, TUSMØRKE (chroniques ici cliquez ici, cliquez ici , cliquez ici ), JORDSJØ et SAMUEL JACKSON FIVE : les connaisseurs apprécieront ce line-up pour le moins affûté et pointu. Par ailleurs, le projet d’une trilogie tournant autour des chroniques du père Robin remonte carrément à une trentaine d’années, preuve que l’on a affaire à un projet particulièrement mûri et peaufiné.
Bien qu’étant publié au sortir de premier quart du 21ème siècle, l’ensemble de la trilogie s’apparente sans vergogne aucune à un hommage vivifiant à l’égard du Rock progressif initial, celui des années 70. Ce premier volume en est une incarnation vibrante, presque démonstrative. Les connaisseurs s’avèrent a priori dûment équipés ; les novices vont connaître les délices de la complexité structurelle, de l’art des contrastes, de l’ambition narrative (songez-y : trois albums pour venir à bout des chroniques d’un certain père Robin, on nage en pleine Fantasy !), d’une technicité au service d’un rendu émotionnel à fleur de peau.
Ce premier volume s’ouvre sur un tandem de morceaux brefs (à peine plus d’une minute) : Prologue (pure introduction bruitée) et The Tale Of Father Robin, pépite acoustique dynamique et limpide, aux confins de BARCLAY JAMES HARVEST et d’Anthony PHILLIPS (premier guitariste de GENESIS).
A peine dégustés ces deux hors d’œuvre, on se trouve emporté par la fougue des douze minutes de Eleision Forest : changements subtils de tempo et de rythme, basse volubile et épaisse, chant masculin limpide, claviers vintage, guitare alternant délicatesse acoustique et nervosité électrique, flûte traversière… Ce morceau a tout d’une déclaration programmatique, tout autant que d’un tour de force. Aucun temps mort au fil des développements incessants, juste le plaisir intense de savourer l’imbrication fructueuse de la technicité et de la splendeur mélodique.
Culminant à peine au-delà de huit minutes, The Death Of The Fair Maiden s’ouvre sur un habile entrelac de claviers vintage et de basse, le tout ponctué par une batterie laconique. Avant même la deuxième minute, l’accalmie s’installe, en même temps que le chant masculin (clair et émotif), discrètement secondé par une voix féminine. Le tandem vocal déploie une prestation envoûtante, au gré d’ondulations rythmiques hypnotiques, allant même jusqu’à la franche accélération dans le dernier tiers, avec d’ardents solos de guitare et d’orgue.
A peine remis, il faut s’équiper pour gravir le quart d’heure de Twilight Fields, riche en cohabitations crépitantes entre riffs de guitare rêches et flûte traversière, le tout impeccablement propulsé par une section rythmique particulièrement agile et percutante. Bien entendu, cette forteresse a priori nerveuse ménage en son sein des plages plus tempérées, le tout concaténant les structures audacieuses, propres aux années 70, et l’approche plus ramassée du Neo Prog des années 80 (tendance IQ et PALLAS). Au total, la prise de son un peu abrupte sert la basse vorace et les riffs acerbes, sans toutefois desservir les arrangements les plus subtils. Ainsi, sur fond d’un festival de claviers vintage, la guitare acoustique et la flûte traversière côtoient harmonieusement les riffs teigneux et les lignes de basse musculeuses, autant que souples.
En clôture, Unicorn charme d’entrée de jeu par son approche acoustique, rehaussée de flûte et de chant masculin clair et articulé, la section rythmique se faisant particulièrement adaptative, entre puissance larvée et ponctuation subtile, avec toutefois une acmé électrique, digne du KING CRIMSON de Starless And Bible Black et de Red (1974). Au bout de 8’30, on se trouve littéralement aspiré par cette parfaite fusion de Prog et de Pop psychédélique : plongez dans un bain progressif à la YES, les BEATLES à partir de Revolver, les BYRDS (époque Fifth Dimension et Younger Than Yesterday, soit 1966 et 1968), les KINKS à partir de The Village Green Society (1968).
A peine remis de ce premier opus, l’auditeur, positivement charmé, quoiqu’assez abasourdi, doit établir son camp de base en vue de l’escalade des second et troisième chroniques de ce sacré père Robin !
Vidéo de Unicorn : cliquez ici
|
|