|
Hard rock québécois et francophone, d'inspiration 80's
|
La nuit sauvage est le tout premier album d’un quintette issu des zones rurales du Québec. Tout de jeans vêtus, les membres de TONNERRE affichent et revendiquent fièrement un ancrage sylvestre quant au concept global, une inspiration remontant au Hard Rock de la charnière des décennies essentielles 70 et 80. Aussi bien, plusieurs écueils méthodologiques sont à éviter. En premier lieu, merci de ne pas traiter TONNERRE avec une bienveillance outrancière, qui serait automatiquement due à nos lointains cousins québécois, au prétexte de liens historiques (par ailleurs souvent fort mal connus) et d’un usage d’une langue commune. En second lieu, les références musicales volontairement tournées vers un passé mythifié ne doivent pas incliner les adeptes du rétro à une adoption automatique. En somme, si on jugeait TONNERRE en fonction de ses qualités intrinsèques, je pense qu’on lui montrerait le respect qui lui est dû.
Or donc, TONNERRE pratique un Hard Rock classique, qui déroule ses rythmiques carrées, subtilement groovy, sur un tempo immanquablement médium. Certes, on peut apparenter la formule à AC/DC, à condition de préciser immédiatement qu’il faut viser le versant initial le plus pondéré et subtil : songez aux deux premiers albums internationaux et, surtout, au merveilleux Powerage. Histoire de se translater dans la zone géographique canadienne, on songe aussi à la démarche de CONEY HATCH et de HEADPINS. Pourquoi ne pas faire le rapprochement avec le NAZARETH assagi, néanmoins subtil, du début des années 80 (album Sound Elixir, par exemple) ?
Le fait que TONNERRE donne dans un Hard Rock binaire, relativement tempéré, dont l’approche doit inévitablement s’envisager de manière différenciée, selon que l’on ait connu et apprécié l’époque de référence, ou que l’on découvre aujourd’hui ce même cadre référentiel, post-réappropriation. Dans la première hypothèse, on ne saurait être trop bouleversé par la mixture très classique, et assez sage, telle que mitonnée par TONNERRE. A contrario, il y a fort à parier que les impétrants, positionnés en mode découverte rétro extatique, conféreront à cet album une aura particulière, car relativement rare de nos jours.
Il faut bien avouer que le chant féminin, clair et médium – juste un équilibre idéal pour déguster les textes ! – concourt fortement à la personnalité du groupe. Sans mignardise aucune, Annick GIROUX débite distinctement et avec conviction des textes, qui transportent avec une ferveur contrôlée l’auditeur dans les forêts épaisses du Québec, animées d’une vie insoupçonnée.
Presque banale une fois décomposée en ses éléments constitutifs, la musique de TONNERRE n’en développe pas moins un charme rampant et tenace, facilement explicable pour les vétérans du Hard 80’s francophone (OCEAN, LAWLESSNESS, KAROLINE, KLAXON…), libre de toute appropriation pour les jeunes générations.
Vidéo de Les enfants de la nuit : cliquez ici
|
|
|
|