Métal Intégral - Chronique / HRAFNGRÍMR

Néo nordique profond et efficace

Si vous souhaitez connaître la genèse de ce projet français, merci de (re)lire la chronique de leur premier EP, publiée sur ce site en 2022 (cliquez ici).
Arrive en 2024 l’étape essentielle du premier album, baptisé Niflheims Auga. Sans l’appui d’un gros label ou, surtout, sans l’imprimatur d’un producteur-arrangeur, le projet mené par l’ex-SKÁLD Mattjö HAUSSY réussit son entrée dans le domaine des formats longs. Rien que par son nom, HRAFNGRíMR refuse de se présenter comme un projet a priori attractif, voire commercial. Ce qui ne signifie pas que HRAFNGRíMR fuit la modernité. Si nous partons du principat essentiel que les peuples scandinaves anciens (improprement appelés Vikings) n’ont pas laissé de systèmes systémiques de notation de leurs musiques, il faut raisonnablement admettre que chaque groupe ou projet qui s’empare de ces registres, plus culturels que musicologiques, ait une parfaite légitimité à proposer sa propre version, à la fois purement contemporaine et culturellement ancrée.

Le fait est que HRAFNGRíMR correspond, pour autant que l’on puisse en juger, au double paramètre, à savoir authenticité versus modernité. Concernant ce second critère, les scansions martiales qui occupent plusieurs morceaux, ou portions de morceaux, ne manqueront pas de charmer celles et ceux qui se trouvent attiré.es par le versant martial et guerrier de la culture musicale scandinave. Avec une efficacité probante, l’auditeur se trouve puissamment canalisé, le fan de RAMMSTEIN pouvant tout à fait se sentir concerné.

Seulement, ce serait insulter HRAFNGRíMR que de réduire son propos à une démonstration d’hommes forts et conquérants, image traditionnelle et fatiguée de l’homme du nord. Que ce soit sur le plan instrumental ou vocal, le projet parcourt vaillamment une ligne de crête étroite.
Dans le cas présent, l’auditeur-trice trouvera aisément à combiner son goût pour le dépaysement musical et culturel et son souci d’une mise en forme impactante et efficace. La profondeur obsédante des percussions se conjugue avec un sens affirmé des arrangements, certains massifs, d’autres nettement plus subtils. Le chant masculin guttural et profond, nettement incantatoire et hypnotique, s’équilibre avec un chant féminin en mode médium, parfaitement modulé et amplement expressif. Avec à la clé des atmosphères sombres, parfois épiques : dépaysement garanti…

Teaser : cliquez ici

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