Métal Intégral - Chronique / BORGNE - Renaître de ses fanges

Black metal indus suisse

BORGNE est un duo de black metal industriel suisse constitué de Bornyhake (chant, guitares, musique élecronique) et de Lady Kaos (claviers). Le visuel me plait, le logo du groupe aussi. La longue introduction de 4 minutes pose d’emblée l’atmosphère industrielle qui va porter l’album. Comme Une Tempête En Moi Qui Gronde déboule à fond grâce à une boite à rythme qui colle bien avec le style. Je trouve que BORGNE a réalisé un beau travail de programmation car il y a aussi des passages plus lents et même des breaks. Le chant est en français, classique et efficace et c’est toujours agréable de capter quelques phrases dans un contenu assez dense. BORGNE propose une musique parfois lugubre (Même Si L'Enfer M' Attire Dans Sa Perdition), glacial le plus souvent (Un Espace Hors Du Temps). La lumière et la mélodie sont amenées par les guitares que je trouve superbes. Renaître De Ses Fanges est doté de riffs très mélodiques (Condamnée A Errer Dans Les Méandres) qui permettent de contrebalancer le côté rouleau compresseur de cette batterie machine artificielle qui bombarde régulièrement. Ce son de guitare provient clairement de l’école suédoise. Ainsi, je peux penser à DISSECTION à l’écoute de Ils Me Rongent De L’Intérieur, un bon titre de plus de 8 minutes se terminant par une séquence instrumentale. Le disque reste très cohérent et équilibré entre le black metal dominant et l’indus (boite a rythme, claviers et samples) en arrière plan. Même si l’ensemble peut sembler uniforme, voire monotone, BORGNE dégage beaucoup de maturité et nous délivre un album très solide.

01. Introspection Du Néant
02. Comme Une Tempête En Moi Qui Gronde
03. Même Si L'Enfer M'Attire Dans Sa Perdition
04. Condamnée A Errer Dans Les Méandres
05. Ils Me Rongent De L’Intérieur
06. Dans Un Tourbillon De Douleur
07. Un Espace Hors Du Temps
08. Royaumes De Poussière Et De Cendre

Ils Me Rongent De L’Intérieur : cliquez ici

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Alain

Le mercredi 28 mai 2025

Depuis 1998, le tandem qui compose BORGNE délivre un Black Metal trempé dans des arrangements industriels, formule pertinente quand il s’agit de pointer les vices de notre civilisation productiviste, déshumanisante et destructrice. Pour se faire, les deux complices ont recours à des formats conséquents. A titre d’exemple, « Introspection du néant » constitue pendant plus de quatre minutes une introduction très Dark Ambient, comme si Klaus SCHULZE avait plongé dans un substrat froid et répétitif. Pour le reste, les compositions affichent des jauges assez conséquentes, entre six et presque onze minutes. De quoi établir des développements de motifs rythmiques et mélodiques jusqu’à la trance. Pour la suite, le duo s’ébat donc dans un répertoire dont les composantes s’étalent entre six et presqu’onze minutes. Voilà qui laisse le temps de développer des rythmiques obsédantes. En la matière, on retrouve les sempiternels riffs en trémolo, si typiques du Black Metal. Cependant, BORGNE ne se complait pas dans des plages répétitives, préférant introduire de nombreux breaks. Qu’il s’agisse de changements de tempo ou de rythme, l’animation demeure constante, les arrangements synthétiques apportant constamment une couleur spécifique, porteuse d’un sentiment de déshumanisation, au même titre que les vocaux teigneux et les riffs BM. Quand on combine la haine propre au Black Metal avec la puissance industrielle, on aperçoit la fin de l’humain dans la ligne de mire. Avec BORGNE, on pénètre au fond des ténèbres et l’on n’en sort pas indemne, la seule optique étant l’album suivant. En attendant, on retourne à l’usine de BORGNE avec intérêt, mus par un intérêt masochiste.