|
oldies but goldies: l'album de référence de manson
|
Nous avons décidé de vous faire découvrir (ou re découvrir) les albums qui ont marqué une époque et qui nous paraissent importants pour comprendre l'évolution de notre style préféré. Nous traiterons de l'album en le réintégrant dans son contexte originel (anecdotes, etc.)... Une chronique qui se veut 100% "passionnée" et "nostalgique" et qui nous l'espérons, vous fera réagir par le biais des commentaires ! ...... Bon voyage !
En avril 1999, l’Amérique est profondément bouleversée par la fusillade de Columbine. Deux élèves du lycée de la ville, lourdement armés, y massacrent douze adolescents et un enseignant avant de se donner la mort. Une tragédie d’autant plus effroyable qu’elle ne résulte pas d’un accès de folie : les meurtriers avaient élaboré un plan relaté en détail dans leur journal. La violence inouïe de cet acte conduira les enquêteurs à se pencher sur leur personnalité et leur prétendue appartenance à un cercle gothique. Marilyn MANSON est alors fortement controversé : les déséquilibrés sont considérés comme des admirateurs de celui-ci, qui les aurait induit à commettre ces atrocités. Il est vrai que le personnage se distingue volontiers dans la provocation, à commencer par un nom d’artiste qui juxtapose le prénom d’une icône du cinéma et le nom du tueur Charles Manson, qui a commandité l’assassinat de l’actrice Sharon Tate, alors enceinte. Cependant il apparaîtra que les psychopathes n’étaient pas fans de MANSON. Sorti dans ce contexte en 2000, Holy Wood (In The Shadow Of The Valley Of Death) lui permet de réagir aux attaques dont il fait l’objet.
Sur Holy Wood, Marilyn MANSON exerce une vive critique de certains aspects de la culture américaine. En premier lieu, il dénonce le culte voué aux armes à feu par une large part de la population des États-Unis, où leur détention est reconnue par le deuxième amendement comme un droit constitutionnel. The Love Song traite le sujet par la dérision, établissant un dialogue au cours duquel « le Père » demande à plusieurs reprises « do you love your guns ? » et obtient en réponse de tonitruants « yeah ».
Le christianisme est également fortement attaqué sur l’album, et ce dès la pochette qui représente MANSON en Christ crucifié. Son titre, qui peut se traduire par « bois sacré », évoque l’arbre de la connaissance du Jardin d’Eden. Sur The Fight Song, l’artiste n’hésite pas à s’écrier : « I’m not a slave to a god / that doesn’t exist ». Le rejet de cette religion et de son influence sur la société américaine constitue un thème récurrent depuis l’album Antichrist Superstar (1996), où MANSON campe l’Antéchrist. Ces raisons expliquent aisément la haine qu’il inspire à l’Église.
Enfin, certains titres traitent de la fascination exercée par la mort, et en particulier l’accès de certaines personnalités au rang de mythes suite à leur disparition brutale. Les figures de Jim MORRISON et Kurt COBAIN ont inspiré à MANSON l’expression d’« agneau de Dieu » (Lamb Of God). Cette plage souligne par ailleurs le rôle joué par les médias dans la création de ces icônes : « if they kill you on the TV / you’re the martyr and a lamb of God ». The Nobodies reprend une idée similaire, qui ne s’applique pas spécifiquement aux célébrités : « We are the nobodies, wanna be somebodies / When we’re dead, they’ll know just who we are ».
Sur le plan musical, Holy Wood marque le retour aux influences premières de Marilyn MANSON. Alors que Mechanical Animals (1998) avait quelque peu décontenancé les fans par ses orientations Glam rappelant David BOWIE, qui avant lui se mettait en scène sous l’identité de divers personnages suivant les albums, le Shock Rocker revient au Metal Industriel de Antichrist Superstar, un genre popularisé par Trent REZNOR qui constitue chez lui une influence majeure. L’orchestration des titres fait ainsi régulièrement apparaître des synthétiseurs ou se teinte d’Électro au moyen de boîtes à rythmes.
Compte tenu des thèmes abordés, une ambiance extrêmement noire plane logiquement sur l’album. Au moyen de rythmiques écrasantes, bien des plages sortent rapidement du lot, ainsi The Fight Song et Disposable Teens. La violence se retrouve également dans l’interprétation du chanteur, qui hurle véritablement lors des refrains de The Death Song. Les paroles peuvent se révéler franchement macabres, en particulier l’expression « before the bullets, before the flies » employée sur Godeatgod.
Enfin, les quelques ballades proposées sur l’album offrent elles aussi des climats accablants, à l’image de Godeatgod ou du lancinant In The Shadow Of The Valley Of Death. Target Audience (Narcissus Narcosis) débute dans une atmosphère similaire avant d’évoluer vers un refrain plein de hargne.
Malgré des ventes quelques peu décevantes, Holy Wood a été accueilli avec enthousiasme par la critique et les fans et peut être considéré comme l’album de référence de Marilyn MANSON. Cependant, ses travaux ultérieurs ne sont pas à négliger, notamment The Golden Age Of Grotesque (2003), album réussi qui puise son inspiration dans l’expressionnisme allemand des années 1920-1930, et en particulier l’ambiance des cabarets du Berlin de l’époque.
Retrouvez les autres chroniques de ces groupes "Coup de Coeur" en utilisant le moteur de recherche sur la page des chroniques (Lien "Chroniques" au niveau du menu). Rechercher les mots: Oldies but goldies.
|
|
|
|