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La plus troublante évolution du doom metal
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Pour le dernier volet de sa trilogie, CAVERN DEEP nous offre une prestation aussi parfaite que majestueuse. Véritable tour de force, ceux que je nomme les sculpteurs de vibrations réussissent en trois albums à réinventer le doom metal sans en altérer les codes, mais au contraire en sublimant chaque caractéristique. Les cadences lourdes soulignées par une batterie parcimonieuse sonnent comme le flux et le reflux hypnotiques de l’océan des âmes sur la grève de votre esprit. Les compositions immédiatement accessibles reposent sur des mélodies limpides qui pourraient être qualifiées de simplistes si elles n’étaient enrichies d’une insondable richesse polyphonique. En effet, guitare, basse et clavier forment les accords mouvants et écrasants qui servent de base au chant, lui-même constitué d’harmonies vocales millimétrées. À propos du clavier, il semble que Johannes, invité sur The Breach, soit devenu le quatrième membre officiel du groupe, apportant une nouvelle matière au son, une nouvelle épaisseur de bourdons qui s’ajoute au fuzz de la guitare, ou quelques interventions plus lumineuses.
L’impression générale est celle d’une poésie sombre et particulièrement immersive qui, bien que s’inscrivant indéniablement dans l’héritage du doom metal, va au-delà en s’affranchissant du formalisme originel du heavy metal. En effet, d’une part l’architecture des morceaux prend souvent une forme proche du post-metal, et d’autre part l’intense concentration sur l’instant applique au doom la discipline du shoegaze.
CAVERN DEEP possède l’indéniable talent de savoir entretenir et même relancer régulièrement l’intérêt de l’auditeur malgré un environnement formel contraint. Nos suédois sont maîtres dans l’art de jongler avec les effets de surprise, qu’il s’agisse de décrochages impromptus du son massif qui se réduit subitement à un seul instrument, ou à l’inverse d’un temps calme qui se métamorphose dans l’instant en un pic dramatique, de la mise en valeur d’une voix nue simplement habillée d’un bourdon, de l’irruption d’un improbable solo d’orgue, de l’intrusion inattendue de cuivres, ou encore d’un filtre qui vient opportunément maquiller le chant.
Il serait très indélicat de louer la musique de CAVERN DEEP sans aborder l’aspect narratif de l’œuvre qui - l’ai-je dit ? - est une trilogie conceptuelle en complète adéquation avec l’ambiance sonore dont voici ma modeste tentative de résumé :
Part. 1 - En quête d’un trésor, une expédition descend dans les abîmes de la Terre et y découvre les vestiges d’une ancienne civilisation. La troupe est décimée au fur et à mesure qu’elle progresse et seul son chef parvient au cœur de l’architecture hors d’âge.
Part. 2 - Bientôt dévoré par une sentinelle impie, celui-ci sera réduit à son essence primitive. Tel un jouet instrumentalisé par des entités intemporelles, il traversera une brèche séparant les mondes. Combats surnaturels et vengeances lovecraftiennes se succèderont à l’échelle cosmique, dans un tourbillon de pourrissements et de renaissances.
Part. 3 - La métamorphose s’accomplit là où les émotions malignes prennent forme, là où ceux qui croient agir subissent le maëlstrom de l’existence et de sa négation. Le chaos s’effondre et Celui qui n’a pas de corps reprend chair. Il se retrouve alors à la tête de cette troupe d’explorateurs qui scrute les entrailles de la montagne, prête à s’y enfoncer...
The Bodiless est l’achèvement esthétique d’un groupe au sens le plus littéral du terme, en ce que CAVERN DEEP tire toutes les ficelles de la démarche créative. Ceci inclut évidemment la composition et l’interprétation des musiques et paroles, mais aussi la prise de son, le mixage et le mastering réalisés par Max MALMER, la conception graphique confiée à Kenny-Oswald DUVFENBERG et la distribution par leur propre label, Bonebag Records (mais aussi Majestic Mountain Records).
Non seulement cet album est indispensable pour jouir de l’une des plus troublantes évolutions du doom metal mais, bien que vous puissiez commencer par cette Partie III, vous serez rapidement amenés à vous procurer les deux premiers volets de cette incontournable trilogie, si ce n’est déjà fait.
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CAVERN DEEP est composé de :
- Kenny-Oswald DUVFENBERG, guitare et chant (baryton) ;
- Max MALMER, basse et chant (basse) ;
- Dennis SJÖDIN, batterie et chœurs ;
- Johannes BEHNDIG, clavier.
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Discographie :
- 2021 : Cavern Deep - (LP) Chroniqué ici ;
- 2023 : Part II – The Breach - (LP) Chroniqué ici ;
- 2025 : Part III – The Bodiless - (LP).
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Extraits de The Bodiless :
- Queen Womb : Cliquez ici !
- Moskstraumen : Cliquez ici !
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