RED EYE - The cycle
Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :
MP3
- Année : 2022
Provenance du disque : Reçu du groupe
7titre(s) - 46minute(s)
Site(s) Internet :
RED EYE BANDCAMP RED EYE FACEBOOK
Label(s) :
Alone Records
|
(19/20)
Date de publication : 13/03/2022
|
|
Ne réveillez pas la montagne !
|
¡Anda, anda, Andalucía! Lorsque l’on pense à l’Andalousie, viennent à l’esprit les vastes paysages du désert de Tabernas, décors favoris de Sergio Leone. Mais, tout aussi impressionnantes sont les formations karstiques d’El Torcal de Antequera avec ses empilements rocheux et ses sites mégalithiques, berceau de cultures hors d’âge et décors qui inspirent le doom metal psychédélique de RED EYE.
La culture primitive ainsi que les grands espaces naturels font irruption dès le premier titre, Foresaga. Quel risque de commencer par cette pièce uniquement constituée d’harmonies vocales soutenues par le rythme d’un tambour de cérémonie ! Pourtant l’audace paie car ces trois petites minutes mystiques ont changé mon état d’esprit et m’ont rendu totalement réceptif à ce qui allait suivre. Ce titre a joué le rôle de sas entre mon environnement quotidien et le monde magique de RED EYE.
Flyht, le second morceau arrive, avec un riff écrasant qui me renvoie directement au son et à l’ambiance du premier album de CAVERN DEEP que j’avais adoré en 2021. Le titre se situe donc entre du TROUBLE et du CANDLEMASS en plus lourd (si, c’est possible !) avec une guitare au son tellement distordu que je me demande si l’onde ne va pas caler. Le morceau prend toute sa dimension grâce à un chant plaintif qui porte le poids des peines du passé. Une pure merveille !
L’analogie avec le 1er LP de CAVERN DEEP se prolonge sur un autre aspect : The Cycle est un concept-album. J’ouvre le livret joint et je lis le récit qui complète les chansons. « Des villageois asservis par un envahisseur fuient leur captivité sous les flèches ennemies. Les survivants rejoignent à travers les forêts, le village abandonné de leurs ancêtres. Ils s’y réfugient, meurtris et désemparés et pleurent leurs disparus. Ils y découvrent un ancien lieu de culte voué à Beorg, la Montagne-Mère. L’armée des envahisseurs est sur le point de rejoindre les fugitifs pour les exterminer. Au même instant, seul dans le temple, un vieux villageois déchiffre une incantation gravée dans la pierre, censée faire revivre Beorg… » L’histoire continue, pleine de magie et de retournements de situations. Superbe légende inspirée des lieux, des monuments et de la nature où les membres de RED EYE sont immergés.
Musicalement, les plages du plus sombre des doom metal alternent avec de merveilleux passages plus calmes, mystiques, psychédéliques, jusqu’à cette dernière plage - Æsce - absolument géniale, dont les paroles sont remplacées par un message en morse légué aux générations futures afin de les aider à briser le cycle infernal. Le morse en lui-même très rythmique s’insère totalement dans un titre hyper lent et lui donne un cachet futuriste. Ainsi, The Cycle est à lui seul un continuum temporel, ouvert vers le passé grâce au premier titre tribal, et vers l’avenir grâce au final futuriste. (Personnellement, j’ai mis une heure à déchiffrer le message en morse mais cela en vaut la peine ! Il est en info sur Bandcamp, si vous voulez vous amuser.)
The Cycle est un album délicieux et intelligent qui allie puissance pachydermique et atmosphère envoutante. Je ne saurais trop le conseiller aux fans de doom metal, de heavy psych et à tout auditeur prêt à s’embarquer dans une expérience musicale particulièrement immersive. Mode d’emploi : écouter les morceaux dans l’ordre, du premier au dernier, tout en lisant la narration du livret et appréciez trois quarts d’heure de plaisir.
***
RED EYE est composé de :
- Antonio CAMPOS, guitares, chant ; - Antonio MURIEL, basse ; - Pablo TEROL, guitare, percussions, chant. + - Ángel ARCAS, batterie, percussions. (Ángel joue sur cet album ainsi que sur le précédent mais a quitté le groupe qui continue sous forme de trio avec Pablo à la batterie.)
***
La couverture de l’album : Cette illustration est l’œuvre d’Irene Zafra. Elle fourmille de détails qui renvoient au récit d’Antonio CAMPOS. Pour découvrir plus d’œuvres d’Irene Zafra: Cliquez ici !
Spoiler - Ne lisez pas ce qui suit : Ce collage me fait terriblement penser à la tête d’un alligator, l’œil, le museau allongé, les crocs, les narines… ce qui n’a rien à voir avec l’album. Vous le voyez, vous aussi ? Eh bien voilà, à cause de moi vous ne regarderez plus jamais cette couverture de la même façon. Tant que j’y suis, la pupille de l’œil du crocodile est la silhouette du Rocher des Amoureux (la Peña de los Enamorados, Antequera). Il s’agit de la fameuse « montagne » du récit, celle qu’il ne faut surtout pas réveiller car… Ah non ! Je ne dirai rien de plus. À vous de découvrir tous les messages contenus dans The Cycle.
***
Traduction des titres Les titres sont écrits en ancien anglais (et certaines paroles aussi). Voici leur signification en anglais moderne : 1) Foresaga = Prelude (before the saga) ; 2) Flyht = Flight / to flee, to run away; 3) Gaderung = Gathering ; 4) Tempel = Temple ; 5) Morþor = Murder / great crime, great sin ; 6) Beorg = Mountain/ hill ; 7) Æsce = Ash.
***
Streaming de l’album en version intégrale : - The Cycle : Cliquez ici !
|
|
|
|