Métal Intégral - Chronique / MODDER

Doom sludge intrumental de qualité

A l’origine de MODDER, on trouve deux activistes : le guitariste et producteur MATHLOVSKY et le batteur Gregory SIMONS. Fin 2020, le tandem réalisa un impressionnant premier single, Mudslinger, comportant un unique titre éponyme long de 21 minutes ! Dorénavant dûment épaulés par trois autres acolytes, le projet un effectif classiquement basse-batterie, deux guitares et un chargé d’effets électroniques. L’absence de chanteur vous conduira déductivement à une évidence : MODDER évolue en mode purement instrumental.

Au programme, quatre morceaux (deux au-dessus des six minutes, un franchissant les huit minutes, le dernier frôlant la dizaine) entièrement dédiés à un Sludge Doom parfaitement maîtrisé. On a forcément affaire à du lourd, voire du très lourd. La faute aux deux guitares et aux lignes de basse qui aplatissent tout à grands coups de riffs crasseux et tordus, le tout taraudé par un jeu de batterie sévère mais très mobile, développant un gros volume. Rien d’objectivement novateur sous le ciel gris d’outre-Quiévrain, mais assurément un art consommé pour développer des ambiances suffocantes, dont la lourdeur rythmique intrinsèque n’empêche aucunement une certaine vitalité, même si elle prend la forme des reptations lentes et angoissantes.
Qui plus est, le propos de MODDER ne saurait se résumer à construire un mur du son infranchissable. D’une part, le mixage permet que l’ensemble respire quelque peu, en ménageant des reliefs, des contrastes, et donc des dynamiques bienvenues. Ensuite, le poste électronique contrebalance richement l’âpreté de l’ensemble par des samples et des synthés vraiment travaillés ; en la matière, MODDER ne se contente pas de recycler les sempiternels bruitages industriels et apporte des textures intéressantes. Enfin, les guitares lâchent des leads aux mélodies certes vicieuses et sinueuses, néanmoins clairement dessinées.

A l’arrivée, on n’a pas l’impression d’avoir assisté à un exercice de style un peu vain en matière de lourdeur et de rugosité, mais bien d’une tentative d’emmener des éléments foncièrement négatifs vers une construction, certes implacable, mais fermement pensée et exécutée. A déguster sans MODDERation…

Vidéo de Wax Rituals : cliquez ici

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