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Réédition, augmentée, remasterisée, toujours aussi géniale
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Alors là, voilà une réédition, augmentée et remasterisée (sur un CD) mais aussi en version originelle (sur un second CD) , qui me met en transe, tant cet album fut marquant lors de sa sortie originelle en 1985 (sur le label français Black Dragon records). Aujourd’hui encore, il s’agit pour moi d’un des meilleurs albums de Power Speed Metal jamais enregistrés. Menés à un train d’enfer, les neuf titres reprenaient au vol les rythmiques nerveuses, les guitares jumelles et les changements de rythme imposés par IRON MAIDEN, afin de porter le tout à un niveau de frénésie incandescent.
Pour parvenir à un résultat aussi intense, il faut avant tout des musiciens au taquet. La section rythmique, sans qui rien ne serait possible, se caractérise par le jeu pétaradant, toujours en mouvement de Dan FINCH, et par les lignes de basse véloces et tendues de Brian EAST. Même dans les quelques passages mid-tempo, le duo s’assure d’occuper tout l’arrière-plan ; quand le tempo s’accélère – c’est-à-dire la plupart du temps -, l’impact devient maximal et la sensation de vitesse se fait carrément grisante.
Appuyés par une assise rythmique aussi puissante que foudroyante, les deux compères guitaristes – le patron Christian LOGUE et son complice Mark Chase MARSHALL (qui joua sur la toute première démo d’AGENT STEEL)- peuvent s’en donner à coeur joie : riffs de teignes tournant avec le débit impitoyable d’un tranchoir industriel, plans gémellaires accrocheurs et solos incisifs, un véritable feu d’artifice !
Reste qu’une excellente interprétation sur le plan instrumental peut se trouver ruinée. Or, Master Of Disguise bénéficie grandement de la présence derrière le micro de Mike SMITH dont le timbre éraillé et le coffre puissant permet des montées maîtrisées dans les aigus. Non seulement, le bonhomme injecte en permanence une dose maximale d’adrénaline, mais il veille à moduler à merveille, proposant notamment des refrains mémorables, qui s’ancrent directement dans votre mémoire. Essayez un peu d’oublier et de ne pas entonner à pleins poumons les refrains de titres comme Bound To Be Free, Master Of Disguise, Fear My Way ou Betrayer !
Vous l’aurez sûrement compris, il n’y a pas que les membres du groupe qui se montrent sous leur meilleur jours ; les compositions s’avèrent largement au-dessus du lot commun des formations de Heavy Metal, de Power Metal et de Speed Metal du milieu des années 80. Là où on assistait trop souvent à un recyclage basique et simplement accéléré de la formule imposée par JUDAS PRIEST, SAVAGE GRACE livrait pour l’époque des compositions efficaces car mûrement pensées, accrocheuses tant sur le plan rythmique, des guitares jumelles, qu’au niveau du chant.
En somme, avec Master Of Disguise, SAVAGE GRACE avait alpagué le public par le col et ne l’avait plus lâché ; il s’avère que, trente-sept plus tard, la formule fonctionne toujours à plein régime. Le remastering n’est cependant pas venu gommer le son globalement brut de décoffrage, assez sec et rêche. Cela fait partie du charme inhérent à cet album essentiel, la basse se chargeant d’épaissir quelque peu l’ensemble.
Voyons maintenant les bonus. On trouve tout d’abord les trois titres de la démo de 1982, avec le seul Christian LOGUE à la guitare et un certain Dwight CLIFF au chant. Plus vieux enregistrements du groupe connus à ce jour, ils témoignent d’un groupe très influencé par JUDAS PRIEST, avec toutefois une animation rythmique déjà particulièrement intense d’une part, des titres stylistiquement très classiques mais prenants et ultra-efficaces. Par ailleurs, le son est étonnamment bon pour l’époque. A la suite de quoi, nous découvrons la version démo No One To Blame, datant de 1984, toujours avec le fort honorable Dwight CLIFF au micro. Le potentiel est là mais cette version se situe un cran en-dessous de celle immortalisée quelques mois plus tard sur l’album. La question se pose de savoir pourquoi le second titre de la démo de 1984, à savoir Betrayer, ne figure pas sur cette réédition…
Enfin, nous redécouvrons les cinq compositions du premier EP The Dominatress (1983), dans une formation comprenant le chanteur John BIRK (efficace dans les médiums, avec quelques glapissements aigus ponctuels) et le second guitariste Kenny POWELL (qui allait se révéler pleinement avec son propre groupe, le splendide OMEN). On demeure encore dans un registre de forte inspiration JUDAS PRIEST : c’est solide, bien fait, mais franchement pas transcendant.
Intéressants et fort plaisants, les bonus permettent surtout de constater l’épiphanie absolue que constitua la formation du line-up qui enregistra ce magistral Master Of Disguise. Achat impératif en ce qui me concerne. Si vous n’avez encore jamais écouté cet album, sachez que vous êtes une femme ou un homme chanceux.se, car un grand et gros choc émotif vous attend. En somme, la seule chose qui a franchement vieilli, c’est la pochette, d’un sexisme atroce (idem pour The Dominatress !)
Vidéo non officielle de l’album originel : cliquez ici
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