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Chronique
KINGCROWN - A perfect world

Style : Heavy Metal
Support :  MP3 - Année : 2019
Provenance du disque : Reçu du label
11titre(s) - 47minute(s)

Site(s) Internet : 
KINGCROWN FACEBOOK

Label(s) :
Rock Of Angels Records
 (16/20)

Auteur : 神の知恵
Date de publication : 18/05/2022
Un renouveau enflammé...
Un peu plus d’une année après un premier effort en solo post-NIGHTMARE, l’excellent Resilience sous le patronyme d’ÖBLIVÏON (chroniqué par mes soins sur ce site), les frères AMORE remettent le couvert fin 2019 avec un second effort plus direct sous le nom de KINGCROWN qui colle bien au côté royal du quintet toujours personnifié par les frangins, respectivement au chant et derrière les fûts, Florian LAGOUTTE et Stéphane RABILLOUD aux guitares et Markus FORTUNATO à la basse. Cette modification profonde dans l’identité visuelle du groupe, tant au niveau du logo que de l’intitulé induit également, de facto, une variation notable dans le son, qui se fait plus massif, plus lourd, pour l’occasion. Exit, donc, le côté power ensoleillé de Resilience. Bienvenue à une facette plus nuageuse. Ce qui est idéal quand on aborde certaines thématiques qui reflètent la noirceur de la société.

Dès le premier titre, le pétillant The Flame Of My Soul, l’ignition s’initie prudemment. Une introduction dramatique installe gentiment le décorum. A contrario de Spectral Warrior, ce prologue orchestral est rattaché à la compo en tant que telle, ce qui permet un embrasement plus prompt, notamment grâce à l’arrivée rapide des instrumentistes qui déroulent le tapis rouge à Jo AMORE qui, pour appuyer sur le visage plus sombre de A Perfect World, demeure de prime abord dans un registre medium parfaitement adapté au morceau qui permet au frontman de jouer sur les ambiances et, notamment, d’offrir plus de profondeur à cette chaleureuse bombe heavy. Véloce et mélodique, The Flame Of My Soul fait en quelque sorte la passerelle avec Resilience au travers d’éléments baroques vers sa toute fin. Vu le sujet abordé, il y a une certaine logique structurelle à ce que cette première piste soit relativement désenchantée tout en conservant une pointe d’espérance. Effectivement, quand on parle d’un combattant face la désillusion sur le champ de bataille, il serait assez audacieux de traiter cette histoire avec légèreté. Or, étrangement, The Flame Of My Soul est ambivalent, naviguant autant dans une certaine forme d’amertume évidente sur les couplets que d’une gaieté surprenante sur les refrains. Cette chanson que l’on pourrait sans mal qualifier de Hallowed Be Thy Name des frenchies par rapport à la grande proximité subjective avec le tube des anglais d’IRON MAIDEN, peut également représenter une parabole du combat permanent mené par les artistes afin de pouvoir vivre décemment de leur métier. Cette modification de la désignation du quintet qui a été faite entre-temps pouvant éventuellement avoir un rapport, le sobriquet d’ÖBLIVÏON étant déjà celui de plusieurs escouades du rock dur, il aurait été compliqué pour les natifs de la face Est de l’Hexagone de se démarquer sur une scène potentiellement surchargée. Par ailleurs, ce terme d’ÖBLIVÏON ayant une connotation négative, celui de l’oubli, il aurait été fort inopportun pour le groupe de perpétuer cette incitation à l’amnésie. Il est, certes, de bon ton de laisser le passé derrière soi, en l’occurrence les embrouilles avec NIGHTMARE, mais il est encore plus judicieux de passer à autre chose en adoptant une démarche plus positive pour son évolution. D’où le remaniement dénominatif vital pour la troupe de ménestrels si elle voulait poursuivre sereinement ses rêves, à l’instar du personnage soldatesque dont elle décrit les déboires dans The Flame Of My Soul. Musicalement, l’influence power est toujours là, quelque part, plus discrète, prête à bondir d’un moment à l’autre. Ceci est flagrant si l’on prête une oreille très attentive au fond sonore et ces fluettes nappes de claviers qui allègent l’ensemble et nous pètent à la figure dans les dernières secondes.

Ce qui va se confirmer tout au long de A Perfect World même si cet opus possède plusieurs cordes à son arc. Qumran Caves, qui aborde les fameux parchemins de la Mer Morte, est d’un tout autre acabit que son prédécesseur. Commençant par une brève démonstration de Markus FORTUNATO, cette épopée orientalisante est agressive voire ponctuellement thrashy, ce qui tranche complètement avec The Flame Of My Soul. Cependant, KINGCROWN aime faire dans la surenchère à coups de symphonie grandiloquente et d’arpèges de clavecin. Qumran Caves est un OVNI qui embrase soudainement les brindilles du feu de camp et se prolonge par In The Sky Of Athens sur lequel l’on ne peut s’empêcher de distinguer l’ombre de BRAINSTORM avec ces riffs à l’allemande bien costauds appréciés, entre autres, de Florian LAGOUTTE, dont la patte est très aisément reconnaissable. Stéphane RABILLOUD et lui s’en donnent à cœur joie sur cette ritournelle principalement teutonne de par son aura martiale, l’aération régulière sur les chorus étant à chercher du côté de Stéphane, grand adorateur de hard FM et d’AOR (un comble pour un poème lyrique sur la chute des deux Grèce, clin d’œil à la disparition de la civilisation antique et du pays actuel que l’UE laisse pourrir dans sa dette publique depuis 2008), tout comme sur The Human Tide, louchant elle aussi sur les rives germaniques en y ajoutant un soupçon de Scandinavie sur les parties de claviers très STRATOVARIUS ou NIGHTWISH. Les rythmiques à tiroir et les soli offrent une incroyable variété à ce titre « schizophrénique », quasiment « progressif » par les multiples ruptures qui cassent le tempo, métaphores des pratiques que l’on retrouve dans les concerts de metal. Le headbang, le pogo, le slam, le wall of death, tous rituels qui ont un sens pour la fratrie AMORE et leurs comparses. Dans ce tribute aux adeptes des devil’s horns, aux buveurs de bières et aux suppôts de Satan groupies d’Eddie, Snaggletooth, Murray et Vic Rattlehead, KINGCROWN se dévoile concrètement, le combo étant partie intégrante de ce monde snobé par le commun des mortels et qu’il voulait mettre une bonne fois pour toutes en lumière, ne l’ayant pas fait par le passé, Resilience ne se prêtant pas réellement à cet exercice de style.

Une rondelle de metal sans balade n’existant que chez MAIDEN et les isérois étant fleurs-bleues hors des spotlights, il fallait bien qu’il y en ait une qui fasse son apparition à un moment ou un autre. Et c’est Over The Moon qui remporte le pompon. Aussi consistante que du marshmallow, aussi sucrée que de la barbe-à-papa, Over The Moon est à KINGCROWN ce que Crazy est à AEROSMITH, c’est-à-dire une sérénade à l’eau-de-rose à la saveur états-unienne. Elle ne galvanise pas plus cela, n’ayant pas le charisme du hit interprété par Steven TYLER & co, et est susceptible de vous laisser de marbre. Over The Moon est un extincteur d’incendie qui vient gâcher le plaisir que l’on pouvait avoir jusque-là avec ce feu de la Saint-Jean qu’est A Perfect World. Dommage, car le flow de cette seconde galette des grenoblois est, de facto, énormément ralenti alors qu’un torrent de lave était en train de s’écouler du volcan. Une preuve flagrante que l’amour n’est pas automatiquement constitué de passion sulfureuse.

Le salut de A Perfect World vient surtout de la seconde moitié de l’album qui souffle principalement le chaud avec des hymnes aussi variés que puissants tels l’apocalyptique The End Is Near ou le groovy Golden Knights. Tandis que le premier donne dans le théâtral avec les envolées vocales de Jo AMORE, les alternances entre le clair et l’obscur, les orchestrations en arrière-plan, le second marche sur les pas d’ANGRA et SYMPHONY X grâce au jeu très saccadé de David AMORE, proche de ceux pratiqués par Ricardo CONFESSORI et Jason RULLO, aux riffs pour le coup très américains, quelques points de la compo se rapprochant même de SHAMAN pour l’aspect tribal avant un final très personnel, dont seul le chanteur en a le secret. Le trio de fin déboule sur une deuxième odyssée arabisante, le très prenant Sad Song For A Dead Child, une aventure musicale sans commune mesure avec ce que l’on aura pu entendre jusqu’ici sur A Perfect World. Il s’agit du morceau vraisemblablement le plus puissant, émotionnellement parlant, de l’album. Le climat ténébreux qui s’en dégage paraît inquiétant, mais dans le fond c’est ce qui est le plus appréciable sur cet opus de KINGCROWN. Jo excellait principalement sur les titres les plus glauques de NIGHTMARE à l’époque (The Cemetary Road, Necropolis, The Rise Of A Child, Silent Room), là idem. Le timbre éraillé du chanteur s’y prêtant à merveille. Vient ensuite l’épilogue en deux parties incarné alternativement par Soundtrack Of My Existance (une dédicace au Soundtrack Of My Life de Blaze BAYLEY ?), un mid-tempo qui s’avère être, du moins musicalement, une extension artistique de The Flame Of My Soul, puis l’éponyme A Perfect World, une conclusion haute-en-couleurs qui démarre tout doucement avant d’appuyer sur le champignon, de nous refaire un majestueux duel guitare/clavecin et de s’arrêter abruptement sur le deuxième et ultime refrain. Ainsi s’éteint le brasier A Perfect World.

Ce microsillon est un véritable backdraft qui nous pète à la gueule. La production est d’une étonnante clarté. Patrick LIOTARD et Roland GRAPOW ont fait un job fabuleux dans l’enregistrement, le mixage et le mastering. Patrick LIOTARD qui, soit dit en passant, fait une apparition remarquable à la guitare sèche sur la version acoustique de Over The Moon en bonus track. L’étrange illustration d’ALDERAND sur un concept de Stéphane RABILLOUD n’est absolument pas indicatif du contenu de A Perfect World, même si l’album est une bombe atomique d’une incroyable puissance qui éclate à la tronche à chaque titre, comme si toutes les têtes nucléaires, que sont les dix lieds, étaient liées par un fil conducteur qui s’embrasait dès que l’une d’entre elles se déclenchait automatiquement ayant ainsi un effet domino sur les autres, le tout explosant à la toute fin dans un Armageddon d’une ampleur cauchemardesque. Le groupe dans son ensemble a fait un merveilleux travail dans l’écriture des morceaux et les interprète terriblement bien. Leurs profils expérimentés les aidant considérablement dans cette tâche ardue, ils sont parvenus à se renouveler tout en poursuivant la voie qu’ils se sont tracée sur Resilience qui fût, naguère, une variété de renaissance musicale, A Perfect World étant, par conséquent, une remontée fulgurante, mais trop hétérogène, de la pente depuis le promontoire construit sur les cendres d’ÖBLIVÏON. La paroi abrupte sur laquelle les français grimpent étant ainsi l’objet d’un alpinisme plus extrême, tant sur le fond que sur la forme. Resilience était plus une démonstration symbolique de ce que le collectif pouvait accomplir pour séduire le label ROAR. A Perfect World est un amorçage en règle qui va enfin lancer la formation dans le circuit.



Line-up :

Jo AMORE (chant)
Florian LAGOUTTE (guitares)
Stéphane RABILLOUD (guitars, chœurs)
Markus FORTUNATO (basse, chœurs)
David AMORE (batterie, programmation)


Equipe technique :

Roland GRAPOW (production, enregistrement, mixage, mastering)
Patrick LIOTARD (enregistrement et edition du chant, arrangements sur Over The Moon)
Stéphane RABILLOUD (concept de l’artwork et de la pochette)
ALDERAND (artwork)
Frédéric « VERSAILLES » (photographie)


Guests :

Patrick LIOTARD (guitares sur la piste 11)


Studios :

Lignes de chant enregistrées et éditées au sein des studios Peek (Boisseron, Hérault, France)
Album mixé et masterisé au sein des studios Grapow (Allemagne)


Crédits :

KINGCROWN (paroles, musique)


Tracklist :

1) The Flame Of My Soul
2) Qumrân Caves
3) In The Sky Of Athens
4) The Human Tide
5) Over The Moon
6) The End Is Near
7) Golden Knights
8) Sad Song For A Dead Child
9) Soundtrack Of My Existence
10) A Perfect World
11) Over The Moon (Bonus acoustique)

Durée totale : 47 minutes environs.


Discographie non-exhaustive :

Sous le nom Öblivïon :

Resilience (2018)

Sous le nom KingCrown :

A Perfect World (2019)


Date de sortie :

Vendredi 1er novembre 2019



The Flame Of My Soul (Vidéo Officielle)
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