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Des grands espaces naît un sombre appel à la liberté
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Marc URSELLI, multi-instrumentiste et ingé son d’excellence (avec 3 Grammy Awards en poche l’adjectif n’est pas usurpé) nous propose enfin ce chef d’œuvre qu’il construit depuis une décennie avec des intervenants venus du monde entier : SteppenDoom, le doom des steppes. Le nom du groupe/album colle parfaitement au concept qui marie la musique doom avec le chant diphonique (ou harmonique) utilisé par les peuplades des steppes de Mongolie, de Sibérie. Il s’agit donc pour Marc URSELLI de créer une symbiose sonore unissant le heavy metal qui symbolise une quête pour la liberté au sein de l’Occident industriel, avec le chant guttural pratiqué de manière quasi-chamanique par des indigènes qui luttent pour protéger la nature et leur culture.
Parmi les invités, nous retrouvons d’une part, une brochette de maîtres en chant harmonique (ALASH ENSEMBLE, Batzorig VAANCHIG "Zorigoo", Huun-Huur-Tu, Tanya TAGAQ, Albert KUVEZIN, et Alexey TEGIN) et d’autre part, des musiciens issus de célèbres groupes de la scène heavy rock (HIGH ON FIRE, SLEEP, PARADISE LOST, SAINT VITUS, NEUROSIS, CULT OF LUNA, THE OBSESSED…). NdA. Liste détaillée en bas d’article.
L’album est également une expérience pédagogique très intéressante qui prend le néophyte par la main pour un voyage de plus de 70 minutes. La rando démarre par le morceau le plus traditionnel et structuré, pour s’enfoncer graduellement dans des terres de plus en plus abstraites, ouvertes et atmosphériques.
En effet, l’album commence par le single Etugen Eke & Od Ana, sur fond de riff sombre et rampant. Un morceau certes hypnotique et original mais d’accès très aisé. La seconde plage, Garuda Khuresh toujours aussi heavy, garde les guitares à leur place mais fonctionne sur une rythmique déjà plus inhabituelle. Agloolik Igaluk franchit un pas de plus vers un monde largement teinté de black metal atmosphérique avec une Tanya TAGAQ dont la prestation vocale est comparable aux interventions les plus déjantées de Nina HAGEN - je suis scotché. Le quatrième titre, Tamag & Ocmah est encore un peu moins conventionnel. Imaginez quelque chose d’assez expérimental sur une rythmique de funeral doom, le tout parsemé de fulgurances guitaristiques et de voix éclatées entre une basse gutturale et un sifflement harmonique. Imdugud in Shambhala dont le chant est confié au ALASH ENSEMBLE est celui qui m’a le plus impressionné vocalement. Le morceau en lui-même s’éloigne encore du metal, les guitares sont remplacées par d’étranges synthés - je savoure ici le virage le plus « ethnique » de l’album. Par la suite, Peri To Ela Guren et Sedna & Eliduc reviendront à des sonorités un chouia plus normales pour du rock, mais ne vous attendez pas non plus à du son MTV, nous restons dans l’étrange, le très lourd et mystérieux. Attention, prenez bien vos repères sur les deux morceaux précédents et tenez fermement le fil d’Ariane car la dernière étape, et pas des moindres (33 min), peut totalement vous perdre. Vous êtes à présent absolument seul, au crépuscule, en plein milieu d’une plaine humide et les esprits de la nature se manifestent autour de vous. Bonne chance !
L’expérience est saisissante, le mixage est monumental, la forme très originale, les frissons sont inévitables : 20/20.
PS : Quand le public un peu averti pense « metal + chant diphonique » nécessairement une référence lui vient à l’esprit : THE HU. Sachez que cet album n’a rien à voir ! Dans le cas de THE HU, un groupe indigène se réapproprie la culture heavy metal (et pas mal de bourrée auvergnate aussi) pour la retranscrire avec son instrumentation. STEPPENDOOM est un partage, une symbiose sonore où chaque partie est enrichie par l’autre.
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Sur MARC URSELLI’S STEPPENDOOM vous retrouverez bien sûr Marc URSELLI, basse, guitares, claviers, batterie et percussions sur tous les morceaux, mais aussi : - Matt PIKE (SLEEP, HIGH ON FIRE), guitares sur Etugen Eke & Od Ana ; - Batzorig VAANCHIG "Zorigoo", chant sur Etugen Eke & Od Ana ; - Aaron AEDY (PARADISE LOST), guitares sur Garuda Khuresh ; - Huun-Huur-Tu, chant sur Garuda Khuresh ; - Johannes PERSSON (CULT OF LUNA), guitares sur Agloolik Igaluk ; - Tanya TAGAQ, chant sur Agloolik Igaluk ; - Steve VON TILL (NEUROSIS), guitares sur Tamag & Ocmah ; - Albert KUVEZIN (YAT-KHA) chant sur Tamag & Ocmah ; - Massimo PUPILLO (ZU), synthé sur Imdugud in Shambhala ; - Christopher JUUL (HEILUNG), percussions sur Imdugud in Shambhala ; - ALASH ENSEMBLE, chant sur Imdugud in Shambhala ; - Trey SPRUANCE (SECRET CHIEFS 3, MR. BUNGLE), synthé sur Peri to Ela Guren - Erdenebat BAATAR (ERKA), chant sur Peri to Ela Guren ; - Lori S. (ACID KING), guitares sur Sedna & Eliduc ; - Utelo, chant sur Sedna & Eliduc ; - Karen PANIGONIAK & Maria ILLUNGIAYOK, chant sur Sedna & Eliduc ; - Dave CHANDLER (SAINT VITUS), guitares sur A-dkar Theg Pa ; - Anders MØLLER (ULVER), percussions et batterie sur A-dkar Theg Pa ; - Norman WESTBARG (SWANS), guitare sur A-dkar Theg Pa ; - Scott "Wino" WEINRICH (THE OBSESSED), guitares sur A-dkar Theg Pa ; - Alexey TEGIN (PHURPA), chant sur A-dkar Theg Pa ; - Vegard KLEFAAT SLEIPNES, bulles, mortier et cailloux sur A-dkar Theg Pa ; - Tor HARALD, plaque métallique sur A-dkar Theg Pa.
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Extraits de SteppenDoom : - Etugen Eke & Od Ana : Cliquez ici ! - Tamag & Ocmah : Cliquez ici !
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