MAX ENIX - Far from home
Style : Prog Heavy / Prog Metal / Prog Rock
Support :
MP3
- Année : 2023
Provenance du disque : Reçu du groupe
14titre(s) - 160minute(s)
Site(s) Internet :
MAX ENIX WEB SITE MAX ENIX FACEBOOK
Label(s) :
WormHoleDeath
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(18/20)
Date de publication : 21/05/2023
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Le projet le plus ambitieux de l’histoire du metal français ?
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Impossible d’aborder Far From Home comme n’importe quel autre album tant il est hors norme : 2 heures 40 de musique x2 avec la version orchestrale et les bonus, un philarmonique, plus de cinquante invités, 14 titres dont le plus long dure 26 minutes… De mémoire de critique musical, je ne me souviens pas avoir croisé en France un projet aussi démesuré.
Le paradoxe de Far From Home réside dans sa nature à la fois très personnelle et hautement collaborative. En effet, d’une part il a été presque entièrement composé (paroles et musiques) par Max ENIX et d’autre part, il déroule une liste de crédits, que dis-je ? un « générique holywoodien » vraiment bluffant. Rendez-vous compte qu’en plus de l’Orchestre Philarmonique de Budapest, j’ai comptabilisé 56 contributeurs. Vous imaginez le temps et l’énergie à mobiliser en communication, coordination et organisation ? Et attention, il ne s’agit pas d’un casting de figurants lambda car dans les CV des chanteurs et musiciens invités, les références de ouf pleuvent : DREAM THEATER, RHAPSODY, MESHUGGAH, SYMPHONY-X, ANGRA, VANDEN PLAS, EVERGREY, SONS OF APOLLO, DELAIN, AYREON, etc.
Max ENIX, nous le connaissions (enfin, derrière son masque) dans le projet CONSTELLIA (album Secret Garden) pour lequel il avait loué les talents d'Evi (Anton) CIGLIA. Cette fois-ci, Max s'implique seul et laisse libre cours à son inspiration. Première inspiration donc, Max a conscience que notre société part en sucette et se lance dans ce concept album pharaonique censé ouvrir les yeux des gens sur la bêtise des comportements délétères : corruption, aveuglement des masses, oppression, fanatisme religieux, nombrilisme, anthropocentrisme, etc. Toutefois, il ne se pose pas en moralisateur et, au contraire, centre son discours sur la beauté de la vie et le besoin de spiritualité inhérent à l’Homme. L’album démarre dans les temps profonds, il y a 65 millions d’années, juste après une certaine crise Crétacée-Tertiaire qui sonna la fin des dinosaures non-aviaires… Cela relativise bien notre pauvre petite condition d’homo sapiens, singe parmi les grands singes.
Dans un temps plus récent, comment s’est organisé ce projet ? Je laisse Max vous l’exposer : « Tout s'est fait assez naturellement sur environ deux ans et demi. J'ai commencé en 2020 la composition puis reçu les premières orchestrations (Ndlr. Signées Tom ENGLUND.) début 2021. À partir de là, les musiciens ont commencé à bosser sur certaines compos puis j'ai contacté les guests (été 2021) avec Tom qui était le premier et tout s'est enchainé. Je recevais les orchestrations une par une avec un laps de temps de deux ou trois semaines environ entre chaque compositions. Tout s'est basé sur celles-ci au final car chaque fois qu'un invité m'envoyait ses parties vocales j'allais en studio pour les imbriquer dans l’œuvre et réadapter mes lignes vocales en fonction si besoin. En 2022, tout était terminé mais il a fallu revoir certaines parties avec l'orchestre et plusieurs sessions d’enregistrement ont été nécessaires. Avec du recul, je me dis que j'aurai dû tout imbriquer une fois l'orchestre enregistré, ça aurait été plus simple. À l'avenir, entre nous, je ne sais pas si je referai appel à un orchestre. Dans tous les cas je changerai légèrement ma méthodo et notamment, les guitares lead seront faites après les voix définitives seulement. Enfin, le mix a eu lieu mi-2022 et le mastering dans la foulée. »
Le genre musical de Far From Home est simple à étiqueter : « symphonic prog metal ». Toutefois son style multiforme est une gageure à qualifier car il s’agit d’une mosaïque d’ambiances qui agissent comme autant de pixels sur un écran plasma. Ce terme d’écran renvoyant d’ailleurs à l’indiscutable dimension cinématique de l’œuvre. Si je me risquais à une définition un peu plus précise, je dirais que Far From Home est une épopée symphonique écrite dans un registre de metal progressif aux modalités oscillant entre musique classique et modern metal. Et, si j’osais une comparaison, je dirais avoir affaire à une sorte d’AVANTASIA dans laquelle la composante hard et heavy a été remplacée par un metal beaucoup plus contemporain. Les multiples thèmes se succèdent et alternent entre saillies épiques et mouvements romantiques. L’instrumentation est très fluide, capable de passer en une minute de la mélancolie d’un duo violoncelle-piano à un blast beat riffé sans que je prenne conscience de la transition. Après plusieurs écoutes, j’ai cru comprendre que les splendides voix claires (judicieusement étalonnées de rock à lyriques) jouaient sur mon cerveau le rôle des manches du prestidigitateur qui détournent le regard de l’action. Je prends conscience en écoutant cet album qu’à bien des égards la musique est une magie subordonnée à la dextérité des musiciens et à l’astuce du compositeur-illusionniste, toutes deux capables de me balader jusqu’aux fameux effets waouh ! Effets qui ne manquent pas tout au long de cet album, tant et si bien que je renonce à en citer un seul. Certes, je me devais de saluer l’extraordinaire tour de force que représente l’élaboration de cet album, mais que ceci ne masque pas la qualité d’une œuvre à la hauteur des efforts déployés. Bravo Max et bravo au collectif !
Far From Home sort le 9 juin dans le catalogue de WormHoleDeath Records sous forme de double album, puis en fin d’année sous forme de bundle incluant la version orchestrale et d’autres bonus. Parallèlement, deux clips sont déjà en ligne (cf. en bas d’article) et d’autres vidéos seront publiées le 5 juillet City Of Mortals (mon titre préféré !) et le 1er août Tears Of Earth. Bref, vous aurez largement de quoi découvrir et vous régaler dans l’univers si singulier de MAX ENIX.
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Le noyau central ayant contribué à Far From Home se compose de : - Max ENIX, écriture, composition, direction artistique, chant ; - Thomas KUBLER, orchestration, arrangements ; - Hugo WILLIAME, programmation additionnelle (batterie) ; - François ROUSSELOT, chef d’orchestre ; - Victor MENTERIGGIONI, copiste ; - Léo MARGARIT, batterie ; - Vikram SHANKAR, claviers, et composition de quelques parties de piano additionnelles ; - Jean-Jacques MOREAC, basse ; - Xavier BOSCHER, guitares ; - Elise WACHBAR, chant.
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Extraits de Far From Home : - Beyond My Blood : Cliquez ici ! - The Broken Face : Cliquez ici !
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