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Balance entre intimisme et puissance
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La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Formé à Limoges en 2006, vous pouvez vous remémorer la biographie de 7 WEEKS résumée à l’occasion de la chronique de l’album Carnivora publiée par Metal Intégral (Lire ici.), ou sur Wikipedia (Lire ici.). Retenez que ceux que je pourrais presque qualifier de « vétérans » du heavy rock français reviennent avec un nouvel opus après deux EPs et cinq albums longs dont le dernier en date, Sisyphus (2020), m’avait fait une énorme impression. Ce n’est donc pas un hasard si Fade Into Blurred Lines sent autant le vécu, l’expérience et le professionnalisme.
7 WEEKS n’est pas une formation que je m’aventurerais à coller dans une case. Si à son début, l’associer au genre stoner paraissait être assez évident, je constate au fil des albums que le style évolue, se renouvelle, s’enrichit par les expériences, les rencontres, les projets (exemple, le ciné-concert de 7 Weeks Plays Dead Of Night). Plus j’écoute le nouvel album et plus j’ai du mal à en réduire le contenu. Heavy rock au sens large collerait si ce label mettait plus en avant leur qualité hors pairs de mélodistes. Si j’avais une comparaison à établir pour vous aider à situer le rock de 7 WEEKS, ce serait avec ce groupe pour lequel j’ai une immense admiration : GHINZU – notamment pour la qualité d’écriture, la faculté à balancer du lourd tout en soignant la forme, et le timbre clair, agréable et malléable du chant de Julien.
Tenez, prenez le premier titre de l’album, Gorgo, cette magnifique voix à la Lou REED au début du morceau, cette petite pointe pop de la mélodie super accrocheuse, et la puissance du riff qui se déchaîne : du pur bonheur, inclassable. Pas plus simple non plus pour le morceau suivant, Up The Pressure avec son gros lâché de vapeur en intro et son développement à la fois très mélodique pour la ligne vocale et très soutenue pour la rythmique. Du très bon stress, ce morceau. Heureusement, Shimmering Blue ramène de la sérénité sur un groove plus tranquille et chaloupé. Et vlan ! avec Blackhole Your Heart le curseur se remet en position grunge fortement appuyé, ce qui ne retire rien au côté catchy de la pièce. La cinquième plage, Castaway, quant à elle, nous réserve des passages plus glauques des guitares, dans un registre un peu malsain, presque doom, avec en plus une basse au son pachydermique… mais toujours ce lyrisme maîtrisé de la voix. Et allez ! la valse des étiquettes encore et toujours, Wax Doll embraye quasiment sur un riff de speed rock/metal que je n’aurais pas été surpris retrouver sur un album de MOTÖRHEAD, idem pour les solos de guitare déglingués que laisse filer Gérald en mode caméléon de la six-cordes. Quelle cavalcade ! J’adore. Ouf ! Une respiration grâce au slow tempo de Mute, une guitare à l’overdrive dans le rouge mais qui égraine son intervention, réhaussée d’accords à la sèche (ou presque), le chant soft est mélodieux, la batterie est parcimonieuse. L’univers sonore a beaucoup de simplicité et emplit superbement l’espace – grand merci à Pascal MONDAZ pour cette production si équilibrée. 7 WEEKS prolonge cette atmosphère épurée et dramatiquement très prenante avec Windmills. Pourtant, à 2’30 le moulin s’emballe et le titre prend une toute autre dimension et les surprises suivront. Superbe construction ! Que dire des arrangements de Travellers ? J’imaginerais très bien ce titre habillé de heavy ou de doom metal, or il nous est servi sur un mode presque unplugged avec un clavier qui met de la tension, ainsi qu’une voix chaude qui ajoute du mystère. Le choix artistique intimiste me surprend et me conquiert directement, me laissant ainsi sur une dernière impression… magique.
Fade Into Blurred Lines révèle une incroyable maturité d’écriture et d’interprétation qui magnifient cet opus varié capable de parler au creux de l’oreille comme d’envoyer un coup de boule dans le plexus. 7 WEEKS nous délivre ici un potentiel album de l’année.
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Le Don Quichote de la couverture Après avoir vu la pochette de l’album et les vidéos de Gorgo et Blackhole Your Heart, j’avoue ne pas avoir étudié dans le détail cette fameuse sculpture de Don Quichote. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Julien qui en était l’auteur. OK, je suis une buse, je n’avais pas capté que le personnage de la couverture était un graphisme signé Gilles ESTINES, et que la seule sculpture existant a été réalisée en vrai pour les clips par Loïc "Hom'ort" DELAGE.
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7 WEEKS est composé de : - Julien BERNARD, chant, basse ; - Jérémy CANTIN-GAUCHER, batterie ; - Gérald GIMENEZ, guitares.
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Extrait de Fade Into Blurred Lines : - Gorgo : Cliquez ici ! - Blackhole Your Heart : Cliquez ici !
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