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Chronique
DEAD HARRISON - None for all

Style : Dark / Gothic / Doom / Stoner
Support :  MP3 - Année : 2024
Provenance du disque : Reçu du groupe
10titre(s) - 48minute(s)

Site(s) Internet : 
DEAD HARRISON FACEBOOK
DEAD HARRISON BANDCAMP

Label(s) :
Auto Production
 (17/20)

Auteur : Alain
Date de publication : 01/06/2024
Heavy rétro à tendance gothique
Originaire du New Hampshire, ce quartette a vu le jour en 2008, son premier album, The Story Of The Mortuus Ortus ne voyant le jour de manière confidentielle (autoproduction oblige) qu’en 2014. Dix ans plus tard, après plusieurs formats courts, DEAD HARRISON inscrit enfin un second album à son tableau de chasse. Les années ont passé, sans pour autant le moins du monde modifier le projet initial du combo, à savoir délivrer un Rock gothique vivifié par le tranchant du Heavy Metal et la lourdeur du Doom Metal.

Si la biographie cite les influences classiques du Rock gothique (SISTERS OF MERCY, SIOUXSIE AND THE BANSHEES, TYPE O NEGATIVE), l’écoute de l’album permet certes de confirmer ce goût pour les ambiances sépulcrales et pour les rythmes roides, elle révèle également un traitement sonore qui confère un tranchant typiquement Metal aux riffs de guitares et une lourdeur digne du Doom Metal à certaines séquences. Histoire d’enrichir l’enjeu, le groupe n’hésite pas à revenir aux sources du Rock gothique, à savoir le Garage Rock et le Punk Rock. Un exemple ? Terror Grinder se présente comme un mid-tempo tendu et intense, avec un riff saturé et laminant, typique du Garage Rock et du Boogie Rock psychédélique de la fin des 60’s, avec un chant nerveux, clair, harmonisé, renforcé par des refrains en chœur : irrésistible !

Le long (plus de huit minutes !) Shadow Prism déroule lentement une rythmique lancinante, enrichie par un entrelac subtil et efficace de guitares acoustiques, de riffs obsédants, de parties jumelles et de prises lead simples et incisives. La progression dramatique du morceau s’avère proprement bluffante. Un peu comme une longue ballade oscillant entre brume fantomatique et orage fatal, le morceau emporte l’auditeur au fil d’une dramaturgie on ne peut plus efficace.
Une approche tout aussi contrastée, mais encore plus rampante, se déploie sur le conséquent Doom Train (7’49). Introduction acoustique, rendue subtilement menaçante par l’adjonction de riffs sous-jacents et par une voix grave et intimiste : assisterait-on à la fusion entre le Rock gothique, le Doom et l’Americana ? En partie oui, sauf qu’au bout de trois minutes, les riffs se font impérieux, la section rythmique s’impose et le chant se cabre en mode nerveux, avant un final carrément échevelé.

Et comment qualifier Beach Zombies, abreuvé d’une tension rythmique à contretemps Reggae et de guitares électriques évoquant quelque peu la Surf Music ?

En somme, il ne faut pas trop résolument se fier à l’aspect visuel lugubre entourant le groupe et l’album. Certes, l’album baigne dans une atmosphère gothique assumée. Pour autant, nous ne sommes pas le moins du monde dans l’univers exclusif, tendu et rêche, du Rock gothique initial des années 80. Ici, les riffs peuvent se faire puissants et la rythmique demeure organique. Par ailleurs, là où, durant les années 90, la vague de conversions de groupes de Metal extrême au Rock gothique (PARADISE LOST, TIAMAT, CREMATORY…) aboutit à ensevelir le Rock gothique sous des chappes plombées, DEAD HARRISON conserve en permanence un souci de lisibilité, d’accessibilité et d’accroche. En cela, le groupe s’inscrit, consciemment ou non, dans un héritage qui se développa dans la décennie 65-75, dans des registres amalgamant le Garage Rock, le Proto Hard et le Proto Heavy.

A mon sens, DEAD HARRISON fait honneur, avec un son plus épais, aux efforts électriques et dramatiques de combos américains comme SIR LORD BALTIMORE, BANG, BLOODROCK (et son fameux D.O.A. de 1970), ALICE COOPER (le groupe et son fondateur album Love It To Death de 1971). Influences assumées ou implicites, ce second album de DEAD HARRISON révèle un groupe en pleine possession d’un projet artistique qui, s’il ne correspond aucunement aux sous-catégories actuellement reconnues, n’en représente pas moins une offre sérieuse et attractive, que ce soit en matière de de composition, d’arrangements, de mise en son. Tentez l’écoute, vous ne serez pas déçu.es !

Vidéo de Shadow Prism (version écourtée) cliquez ici et de l’album cliquez ici
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