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Déambulation lugubre
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Avant même d’avoir écouté une bribe de ce troisième album du trio américain, j’ai eu envie de découvrir comment un combo pouvait s’approprier un attirail référentiel, largement mis en œuvre, depuis des décennies, par le monde du Metal. Sorcière (nom du groupe), crucifix (pochette), titre d’album blasphématoire, photo promotionnelle prise au pied d’une immense croix… N’en jetez plus, la sacristie est pleine !
Pourtant, on comprend très rapidement qu’on ne trouvera aucune trace de Metal dans le Rock rêche des trois sorcières. Par contre, si vous aimez les guitares aux riffs filiformes autant qu’acides, bienvenu dans l’univers Post-Punk, inspiré par THE CURE (des tout premiers albums), JOY DIVISION et SIOUXSIE AND THE BANSHEES. Un univers sombre, aux rythmiques ténues (ce son de caisse claire minuscule, quoique mixé en avant), aux ambiances glaciales et à la noirceur assumée. Sur le titre éponyme, le trio propulse plus fermement ses riffs de teignes, faisant planer l’ombre des séminaux THE CRAMPS. Le conclusif SOS développe une ambiance aqueuse, parfaitement raccord avec le texte du morceau (comme Sub-Mission le fut pour les SEX PISTOLS).
Dignes héritières du Punk, nos Parques post-modernes évoluent dans des formats brefs - autour de trois minutes, à une exception près, nous y reviendrons -, dépouillés de tout artifice. Comme précocement lassé de la vie, le chant se présente sous des atours, tellement diaphanes qu’ils en deviennent franchement asthéniques, capable au pire d’intonations sardoniques, semble émaner du gosier martyrisé de Mina Harker, cible d’un certain comte Dracula dans le roman de Bram Stoker.
L.A. WITCH trouve son compte dans la brièveté puisqu’il développe des ambiances, introduit de la variété et rend palpables les moisissures inspiratrices. Il est néanmoins intéressant d’écouter plus particulièrement la composition intitulée I Hunt You Prey, dont la durée dépasse les six minutes. Le début ressemble à une déambulation sous barbituriques, avec une guitare flottante sous vibrato, une batterie laconique (on entend essentiellement la caisse claire et le charleston), des lignes de basse tendues et un chant parcimonieux au bord du lâcher prise. Tout en rythmique hypnotique, guitare acide et chant névrotique, cette composition prend pleinement le temps d’étaler ses états d’âme fantomatiques et délétères.
Avant de vous lancer dans un cycle d’écoutes réitérées ad nauseam de cet opus vénéneux, assurez-vous d’avoir votre dose de benzodiazépine ou d’amphétamine, selon le chemin que vous souhaiterez emprunter. En attendant, merci à L.A. WITCH pour cette séance, aussi brève (à peine plus d’une demi-heure) qu’obsédante.
Vidéo de The Lines : cliquez ici
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