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La peur de faire du metal
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Quelle fiche promo alléchante ! « De la puissance brute », « un voyage à la fois dans le passé et vers le futur du metal », « des assauts métalliques tout en force », « des nuances de RAINBOW, de JUDAS PRIEST et de nombreuses autres icônes des 80s ». En toute bonne foi, je me suis plongé dans l’écoute de Falling Through Stars par LAURENNE/LOUHIMO de leurs petits noms Netta et Noora.
Très tôt, je dois me rendre à l’évidence : cet album est un ersatz de heavy metal fait pour ceux qui n’aiment pas le heavy metal. Il n’y a ici rien de « brut » , rien de « puissant » , aucun « assaut » et pas plus de « force » que de beurre en broche. Attention, je ne suis pas en train de dire que cet album serait mauvais, mal produit, ou mal interprété – pas du tout ! Les deux chanteuses tiennent la route, les solistes maîtrisent carrément leur affaire et enchaînent les interventions lumineuses, bassiste et batteur ne font pas semblant de jouer. Mais alors ? Que se passe-t-il ?
Eh bien, il n’existe pas sur cet album de bon riff qui ne soit contrebalancé par un refrain niaiseux, pas de cavalcade rythmique qui ne soit corrompue par de sirupeuses nappes de synthés, pas de fil barbelé qui ne soit enrobé d’une protection de silicone, aucun clou dont la pointe ne serait meulée, aucun taureau dont les cornes ne seraient emboulées.
Pas de suspense, l’album s’ouvre sur le titre Falling Through Stars. L’intro plante une bonne atmosphère, le riff est acéré, le flow vocal est incisif jusqu’à ce refrain douçâtre qui pourrit le groove de l’empereur. Je pense alors que c’est un peu dommage, sans pour autant m’affoler. La seconde plage, Damned, démarre par une bonne ligne de basse. Là encore, jolie rythmique et voix au diapason. De nouveau, le refrain excessivement mièvre enjolivé de claviers rend l’expérience décevante. On dirait que le groupe craint de livrer un morceau qui puisse être trop brutal au risque de perdre des auditeurs. N’y a-t-il personne dans la salle pour remixer une version club de To The Dark ? Allez, un tout petit effort, nous y sommes déjà presque. All For Sale… Ouèp, tout est à vendre, y compris nos âmes de hard rockers. Vas-y, Marcel ! fais péter la balade pop et rajoute une lichette de clavier 70s et de violon de synthèse pour faire root. Au moins, avec ce titre les deux complices n’avancent pas masquées. Ah ! Je vois les équipes de Disney dresser l’oreille sur le refrain de The Cradle. En effet, la mélodie est assez guimauve et dégoulinante pour servir de thème à un prochain long métrage à regarder en famille. Yeah ! Belle intro 70s pour Rotten Gold. Le titre groove et je comprends enfin la référence à RAINBOW, incluant même un excellent duel guitare-claviers. Mon titre préféré du skeud. Enfin, du heavy métal ! Très bon ce FTS bien qu’il soit pollué de nappounettes de synthé et d’un genre de pré-refrain mielleux incompréhensible dans le contexte. Nettoyez-moi tout ce superflu, conservez le refrain harangueur et les solos de guitare mortels et vous obtiendrez cette brutalité vantée dans la promo. Pourquoi cette peur de faire du vrai hard rock ? Retenez qu’il ne s’agit pas d’aligner des mots-clefs vendeurs pour que Let The Light Be Free soit un bon slow de hard rock. Loud And Clear est LA balade métal qui est là pour dire que nous-autres métalleux nous avons un cœur d’artichaut. Ben ouais, hein ? sous nos airs de méchants rebelles brûleurs de bibles. C’est du miel mélangé à du sirop d’agave saupoudré de sucre glace mais c’est assumé comme tel. Attends, ne pars pas, nous arrivons au dernier titre : Wait. Ça démarre comme un bon hard rock des anciens puis, en quelques mesures, le titre sombre dans… comment dire ? Vous voyez la scène où Atreyu regarde son fidèle Artax s’enfoncer lentement dans les marécages de la mélancolie ? C’est la trajectoire de ce morceau.
En fait, le titre de clôture est bien vu car il est représentatif de la démarche globale de l’album. Cette galette représente à mes yeux ce courant d’artistes en quête du catch-all metal susceptible de convertir monsieur et madame tout le monde. Je crains qu’il ne soit honni pas les méchants esthètes et puristes radicaux (Roooots, bloody rooooots !) et adoré par cette foule qui porte des t-shirt des RAMONES sans être capable d’en citer un seul morceau. Cet album est au Metal ce que Plastic BERTRAND est au Punk rock. Sous un angle purement biologique, le cornichon est un fruit, alors pourquoi LAURENNE/LOUHIMO ne serait pas du metal ?
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LAURENNE/LOUHIMO est composé de : - Netta LAURENNE, chant ; - Noora LOUHIMO, chant ; - Sampo HAAPANIEMI, batterie ; - Pasi HEIKKILÄ, basse ; - Vili ITÄPELTO, claviers ; - Mikkko KOSONEN, guitares ; - Nino LAURENNE, guitares.
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Discographie : - 2021 : The Reckoning - (LP) ; - 2025 : Falling Through Stars - (LP) ;
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Extraits de Falling Through Stars : - The Cradle : Cliquez ici ! - All For Sale : Cliquez ici !
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