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Doom et au-delà
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Ainsi donc, voici le troisième album de cette formation écossaise, faisant suite au EP Shoulders Of Giant et aux albums Under The Mountain (2018) et Body of Light (2020, cliquez ici). L’attente fut longue mais le résultat final submerge les impatiences, voire les inquiétudes. Une fois de plus, le groupe impose une recette à base d’ingrédients très classiques, avec un résultat personnel, qui tranche avec l’essentiel de la production Doom et assimilés. On peut affirmer que KING WITCH se sert du Doom Metal comme d’une base, mais qu’il en propose une garniture qui permet de dépasser la recette initiale.
Alors, oui, les guitares donnent dans l’épaisseur en rythmique. Oui, encore, le résultat s’avère souvent écrasant. Pour autant, KING WITCH se fait fort de transcender les critères de lenteur et d’épaisseur. En somme, le groupe laisse respirer ses influences initiales. Il faut dire que l’album contient pas moins de trois formats de durée. Trois compositions au-dessus de quatre minutes soulignent une capacité à aller droit à l’essentiel, avec un apport Heavy Metal prégnant. Deux titres au-dessus de six minutes permettent des développements plus complexes, avec un rendu qui conviendrait aux adeptes férus de Grunge (tendance SOUNDGARDEN et ALICE IN CHAINS), autant qu’aux adeptes d’un Doom hérité de BLACK SABBATH. Dans le lot, tirons le délicat Behind The Veil, dont la trame acoustique se voit contrariée par des orages électriques, le tout livrant une dramaturgie salutaire.
Enfin, le groupe livre deux morceaux aux gabarits opposés. En premier lieu, les trois minutes passées de Little Witch : guitare acoustique, voix grave, légère touche de guitare électrique, le tout pour un résultat émouvant au possible. En second lieu, en clôture d’album, se dresse les huit minutes du colosse Last Great Wilderness. Un tel format permet d’installer un système de contrastes. Ainsi, le morceau débute par un riff en apesanteur, bientôt interrompu par une charge rythmique bien lourde. Cependant, dès que le chant débute, le propos se fait plus feutré. Dans la meilleure tradition de BLACK SABBATH période Ronnie James DIO, l’alternance entre plages relativement apaisées et déclenchements d’orages puissants. Le sens de la dramaturgie se montre ici dans toute sa puissance émotionnelle.
Pour sa gestion des contrastes, la section rythmique (Rory LEE à la basse et Andrew SCOTT à la batterie) mérite les félicitations du jury, constituant une rampe de lancement parfaite pour les riffs plus ou moins lourds de Jamie GILCHRIST. Ce dernier se distingue par ses parties acoustiques et par des solos qui donnent la priorité à la mélodie, plutôt qu’à une quelconque démonstration technique.
Sans insulter le moins du monde les instrumentistes, l’atout majeur et distinctif de KING WITCH s’avère être la chanteuse Laura DONNELLY. Elle assure avec une fougue et une maîtrise conjuguées une prestation hors normes. A partir d’un registre médium, elle se montre capable de pousser dans les hauteurs ou de calmer le jeu dans les graves. La puissance de son timbre et sa technique vocale s’avèrent parfaitement impressionnants, voire envoûtants. Pour autant, les lignes vocales ne sont jamais gratuitement vouées à une quelconque démonstration technique, l’objectif premier demeurant l’animation dramatique de l’ensemble instrumental.
A partir du Doom Metal, KING WITCH parvient à se créer de nouveaux espaces salutaires, gages d’une évolution passionnante. Quand on écoute cet album, on ressent plein pot le souci d’une animation dramatique diversifiée. Totalement conquis, je viens de ma commander l’album, c’est dire !
Vidéos de Swarming Flies cliquez ici et de Sea Of Lies cliquez ici
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