Métal Intégral - Chronique / TERAMAZE

Autant de bijoux dans ce coffre doré

Nous revoici donc devant un nouvel album de TERAMAZE, le groupe de Metal Prog australien, alors que le précédent est sorti depuis bien moins d'un an. Et oui, c'est ce qu'on appelle occuper le terrain ! Il s'agit du 4ème album chroniqué dans nos pages, le premier, Her Halo, étant passé par les oreilles averties de Ben en 2015 (cliquez ici) et les deux autres, à savoir And The Beauty They Perceive de 2019 (cliquez ici) et Flight Of The Wounded (cliquez ici) de 2022, par votre serviteur. En ce qui concerne la discographie du groupe, déjà conséquente, je vous invite à vous reporter aux dites chroniques pour en savoir plus. Il en est de même pour les changements de personnel, Dean WELLS, le compositeur principal, étant le seul membre fondateur encore présent. Sachez simplement, que cet opus voit revenir Nathan PEACHEY au chant, et ça, c'est ce qu'on appelle une bonne nouvelle ! Alors, je vous préviens tout de suite, cet album est un peu particulier dans sa forme. Je le qualifierai d'hybride et je vais m'en expliquer. Sur les 12 morceaux qui le composent, 3 sont des nouveaux titres et figurent d'ailleurs parmi les premières pistes de la galette. Ils sont suivis par un titre tiré d'un album de 1998 et d'un autre qui n'est sorti qu'en single. Il y a également des reprises au piano de deux superbes titres, et les 4 morceaux suivants sont des démos issues de l'album Are We Soldiers sorti en 2019 (non chroniqué sur notre site). Le dernier morceau, qui fait office de bonus, est une "cover" de Easy Lover, le tube planétaire des deux Phil (BAILEY et COLLINS). À la lumière de ce que je viens d'évoquer, je pense que vous comprendrez un peu mieux lorsque je parle de format hybride. Pour ma part, j'estime que c'est un bon moyen de découvrir toutes les facettes du groupe et elle sont nombreuses ! Un dernier conseil, le matériel est tellement dense qu'il faut écouter les morceaux de nombreuses fois pour en saisir toute la richesse. Alors, vous êtes prêt(e)s pour le voyage ?

La grosse artillerie est sortie sur Navigate In Solitude, dans le plus pur style TERAMAZE, mais la surprise vient du chant "screamé" de Erick WIGHT qui vient s'intercaler entre les deux chants clairs de Dean WELLS et Nathan PEACHEY. Étonnant et rafraîchissant. Bon, oui, cela a déjà été fait sur le morceau Ticket To The Next Apocalypse de l'album Flight Of The Wounded mais je trouve que le mix marche toujours aussi bien, car ils n'oublient jamais la mélodie, fondamentale chez eux. Il y a des passages avec des cordes, une démonstration de guitare affolante de dextérité et puis il y a ce refrain, qui revient comme une ritournelle, le tout coiffé par le chant guttural. Chaos In The Way est un morceau présentant une ambiance sombre mais pour les habitués du groupe, elle se situe dans les standards avec une rythmique syncopée. Le chant est limpide et la guitare est omniprésente avec des riffs surplombés par des soli, du métal prog quoi ! These Crystal Walls enchaîne sur un tempo lourd comme du plomb et Nathan PEACHEY impose sa présence avec un chant tellement inspiré. Il y a un gros“"riffage" qui sous tend la chanson, mais ici, pas de démonstration technique à la…(non je ne l'ai pas dit !).

Shadows II est une réorchestration de Shadows, un titre de l'album Tears To Dust sorti en 1998. Le tempo est rapide et le refrain rentre dans la tête. Belle démonstration de guitare avec un solo virevoltant. C'est lourd mais un peu trop répétitif pour mon goût (il faut bien que je leur trouve des petits défauts quand même !). The Heist est un morceau qui est sorti en single il y a 3 ans et n'était, jusqu'à présent rattaché à aucun album. C'est un "up tempo", à la limite du speed métal, du genre à envoyer la double pédale en première ligne. La batterie est d'ailleurs omniprésente sur le titre. Dans ce déluge de feu, le chant arrive quand même à se faire une place avec une couleur pop. Le solo est déjanté.

Le cœur de l'album est constitué de 4 morceaux issus de Are We Soldiers paru en 2019. Et ça tombe bien, puisque cet album a réussi à passer au travers de nos radars. La particularité réside dans le fait que c'est Bret REREKURA, le chanteur initial du groupe qui est aux manettes. Je précise tout de suite que ces versions sont identiques, dans leurs structures, à celles figurant sur l'album, à la différence notable que le son est de moins bonne qualité, sans être catastrophique non plus. C'est juste plus brut et les quelques passages de claviers sont sous-mixés, sauf sur Are We Soldiers. Sur ce morceau d'ailleurs, une voix parlée féminine a été pratiquement escamotée pour la version studio. From Saviour To Assassin est un morceau remarquable en ce qui concerne la trame mélodique. Le "riffage" est superbe sur un tempo rapide. Il y a un festival de guitares et Dean WELLS s'en donne à cœur joie. Il y a toujours cette touche mélodique très présente. Pour celles et ceux qui feraient un rapprochement avec DREAM THEATER (ça y est, je l'ai dit), je répondrais simplement que, si les parties techniques n'ont rien à envier à ce groupe emblématique, TERAMAZE est, à mon humble avis, bien plus mélodique. Voilà c'est dit ! Weight Of Humanity envoie un refrain complètement "catchy", accrocheur au possible, que ne renieraient pas les groupes de hard mélodique suédois. Il y a un passage calme tellement sensuel, avec la voix de Bret REREKURA qui se fait très douce et charmeuse. La guitare prend une couleur “floydienne” et c'est hyper mélodique. Un très beau morceau. Il en est de même avec Fight Or Flight. L'intro est en mode Prog symphonique. Je pense à HAKEN ou bien encore à VANDEN PLAS. Le chant est toujours aussi agréable, avec ce joli grain de voix, très pop. À ce sujet, Dean WELLS ne s'est jamais caché qu'il aimait tout à la fois le métal prog et la pop. Cela se ressent dans n'importe quel morceau du groupe et je ne vais certainement pas m'en plaindre ! Il y a toujours ces arabesques à la guitare par dessus la guitare rythmique. Le tout donne le style TERAMAZE, dorénavant bien reconnaissable, pour moi. J'ai lu ici ou là que les morceaux de cet album auraient mérité d'être écourtés pour éviter une certaine lassitude. Permettez-moi de vous dire que, sur ces 4 morceaux tout du moins, je n'ai jamais ressenti le moindre ennui. Les changements de climat, propres à la prog permettent d'aérer les titres, soit par des passages au clavier, soit par des moments lents très colorés. Are We Soldiers, le titre éponyme nous offre un refrain charmeur au possible et un solo qui prend tout son temps pour se développer. Dean WELLS fait étalage de son talent en trouvant une sublime inspiration totalement chargée en émotions. C'est vraiment magnifique. Le morceau se termine en trombe, la double pédale enclenchée à fond. C'est impressionnant, tant de diversité dans un seul morceau !

Voici venu le temps des morceaux calmes qui vont permettre d'apprécier à sa juste valeur le chant très pur de Nathan PEACHEY. Il y a d'abord Broken, issu de l'album Her Halo. Lorsqu'un titre est revisité dans une formule piano/voix, il faut mieux que le chanteur assure et là je suis servi ! Début du morceau sur des claviers majestueux, et puis la voix vient vous entourer d'une douceur infinie. Je dois maintenant vous faire une confidence. Ce qui m'a toujours beaucoup plu chez TERAMAZE, ce sont les parties de claviers et paradoxalement, elles sont rarement créditées sur les albums alors qu'elle participent grandement à la couleur des morceaux. Alors, je tiens à réparer cet oubli en remerciant Dave HOLLEY car il nous sert des parties de piano splendides sur ces morceaux. Bon, en plus, vous avez les choeurs magnifiques qui vous emporteront bien loin, je vous assure. Tout ça ajouté aux cordes, et on y est, au paradis ! Quand vous aurez bien écouté ce morceau, je vous invite à vous pencher sur la version studio et là, je suis sûr que vous reprendrez une bonne dose de plaisir. Il en va de même avec Waves, tiré de And The Beauty They Perceive. C'est toujours aussi beau, aussi mélodique. D'aucuns rétorqueront que c'est quand même bien "commercial", ce à quoi je répondrais que lorsque la mélodie est belle, il n'y a pas de raison de bouder son plaisir. De toute façon, je ne peux résister au mariage piano/voix. L'album se termine avec une superbe cover de Easy Lover. Les voix de WELLS et PEACHEY s'harmonisent à merveille et c'est un vrai régal ! Ces deux-là sont vraiment faits pour s'entendre.

Je crois que ce qui résume le mieux ce groupe, c'est la définition qui est donnée de son style. Nous sommes exactement en présence d'un Métal Prog mélodique, chaque mot ayant ici une importance capitale. Si vous aimez ce mélange, alors foncez, et je vous promets que vous ne serez pas décu(e)s !

Navigate In Solitude : cliquez ici

Broken : cliquez ici

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