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Doom, black et bien plus
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Quel plaisir de constater sur une durée longue l’évolution stylistique d’un groupe. Dans le cas de figure, THE FLIGHT OF SLEIPNIR fut avant tout l’affaire d’un tandem créatif, constitué par David CSICSELY et Clayton CUSHMAN, les deux complices souhaitant dédier leur pratique du Metal à l’univers nordique. Plus précisément, sans adhérer toutefois à l’univers fétichiste du viking [viking désignant celui qui part, par voie de mer, piller et/ou commercer] et de son panthéon (Sleipnir est le cheval gris d’Odin, propulsé par quatre paires de jambes – oui, les chevaux ont des jambes et non des pattes, on vous le répète !), THE FLIGHT OF SLEIPNIR s’attache depuis ses débuts à faire évoluer son Metal dans l’univers mythologique nordique ancien.
Si le groupe témoigne une solide fidélité à son concept originel, on peut lui accorder une plus nette capacité de progression et d’évolution sur les plans du chant et de l’instrumentation. Schématiquement, les premiers albums du groupe appelèrent des appellations aussi génériques que Stoner et Doom, avec une propension aux arrangements acoustiques, voire Folk. En 2021, à l’occasion de la parution de son septième album, Eventide (cliquez ici), nous notions un apport Black Metal, venant notablement durcir le propos d’ensemble.
Si le groupe confirme la présence des intrants Black Metal (vocaux aigres et haineux, riffs stridents en trémolo), il opère une cohabitation plus harmonieuse et plus efficace de tous les éléments constitutifs de sa musique. Les apports Black Metal sonnent d’autant plus rudement qu’ils fusionnent ou, au contraire, font contraste avec la lenteur et la lourdeur d’un Doom abrupt (comprendre : plus proche du BATHORY période Hammerheart que de CANDLEMASS). Certaines rythmiques bien épaisses et rebondies évoquent occasionnellement le Stoner le plus granitique, mais force est de constater que ce versant demeure anecdotique.
Deux dimensions s’imposent par contre pleinement, animant pour le meilleur les contingences Doom d’une part, Black d’autre part. En premier lieu, saluons la fréquence et la qualité spécifique des apports acoustiques, qui aèrent les compositions et créent des contrastes francs et fructueux avec l’âpreté Black et la lourdeur Doom. Spécifique ? Oui, car THE FLIGHT OF SLEIPNIR ne renie pas son ancrage nord-américain et confère à certaines plages acoustiques des tonalités Blues, voire Country, notamment grâce à un usage adéquat de la slide guitare. L’âpre et profond vague à l’âme de ces deux genres musicaux, si typiques des profondeurs des Etats-Unis, s’avère rehausser parfaitement la misanthropie propre au Black Metal et l’écrasement existentiel typique du Doom Metal.
Réussir à agencer de manière sensée autant d’apports musicaux tranchés constitue a priori une gageure, que THE FLIGHT OF SLEIPNIR assure en construisant des compositions structurées en séquences successives, selon une logique relevant totalement du Rock progressif, tel qu’il se développa lors des années 70. Evitant les écueils démonstratifs et emphatiques de ce genre, le groupe en conserve cet art du contraste et une capacité à bâtir des développements dramaturgiques au sein de chaque composition. Constat valable aussi bien pour les trois titres relativement bref (entre quatre et un peu moins de sept minutes) et pour les deux formats plus conséquents : Madness (8’32) et surtout l’impressionnant et conquérant North (11’50). Le fait que ce dernier morceau soit placé en ouverture d’album démontre l’assurance du groupe dans sa capacité à manier les contraires pour les ériger conjointement en vecteurs d’un dépassement salutaire.
A mon sens franchement supérieur à son prédécesseur immédiat, Nature’s Cadence s’impose comme un incontournable de cette fin d’année 2024, en tout cas pour les aventuriers qui rêvent d’une mixture probante à base de Doom, de Black, de Prog, de Folk. Grosse réussite…
Vidéos de Vingthor cliquez ici et de Wanderer cliquez ici
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