Métal Intégral - Chronique / VESSEL

Stoner et au-delà

VESSEL est un duo australien, actif depuis 2011, ayant d’ores et déjà publié trois albums : Introspective (2012, autoproduction à pressage limité à 500 copies), Nostalgia (2016, idem à 100 copies) et Vagabond Blues (2020, pressage vinyle chez Majestic Mountain records). La parution de leur quatrième album, The Somnifer, est pour nous l’occasion de faire connaissance. Les dix titres proposés présentent majoritairement des formats ramassés, entre deux et quatre minutes ; on pourrait en déduire que VESSEL développe une musique compacte et directe mais il n’en est rien. Explications…

Si on veut tracer une filiation concernant la musique de VESSEL, on peut se permettre sans trop se tromper d’évoquer le Stoner Rock, dont le tandem se plaît à reprendre les plans étirés, marqués par un héritage Blues Rock psychédélique. Accords de guitare répétitifs et lancinants, basse rampante, batterie entre accompagnement subtil et explosions soudaines : la panoplie est presque complète.

Sauf que VESSEL échappe objectivement à une labélisation Stoner trop restrictive. Notamment parce que nombre de ses riffs adoptent une tournure rêche, tranchante, marquée par le Post Hardcore. Là où on attendrait des rythmiques rebondies et généreuses, on s’écorche bien souvent sur des plans plus froids, plus rugueux, plus anguleux. Ce qui n’empêche en rien la guitare de développer des inserts aux mélodies flottantes, aux tonalités acides.
Par ailleurs, le tandem ne s’interdit pas des instrumentaux franchement portés sur des ambiances autant mélodiques que déliquescentes (False Awakening Continuum, Delta Waves).

On pourrait presque considérer The Somnifer comme un album instrumental, s’il n’y avait ces quelques apparitions vocales : voix filtrée mi-parlée, mi-assénée (Rapid Eye Movement), chant nerveux et clair mais filtré (filiation NEBULA), vocaux rauques et colériques (prurit Sludge, notamment sur l’âpre Recurring Nightmare).

Comme un ultime aveu, VESSEL clôt l’album par une reprise de Body And Soul des mythiques SISTERS OF MERCY, délivrée dans une gangue de riffs fuzzy, de lignes de basse grondantes, de vocaux graves, le tout à la fois fidèle aux fondamentaux du Rock gothique et à des années lumières de la version originelle, tendue et fragile.

Vidéo de Eat The Day : cliquez ici

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